OMVS Le Journal - N 8 - page 5

montant total pour une réhabilitation
complète du complexe de Diama (bar-
rage, écluse, Duc d’Ale, digues, ouvrages
incorporés, patrimoine bâti…) est estimé
à plus de 30 milliards de francs Cfa.
Toutefois, il est important de signaler que
l’urgence est la réhabilitation immédiate
et sans délai de la structure métallique du
barrage avec tout le système électronique
qui gère les différentes opérations d’ex-
ploitation des ouvrages du système. Nous
allons coupler tout cela avec une étude
de rationalisation des dépenses et d’in-
ventaire exhaustif de tous les usagers qui
prélèvent de l’eau dans le fleuve, de
quelque nature qu’ils soient. Les tarifs
sont mal structurés entre les industriels,
les paysans, etc. Nous devons trouver un
équilibre financier qui permette à la fois
d’assurer le fonctionnement et le taux de
renouvellement et d’entretien. Tout ceci
va être soumis d’ici la fin de l’année au
Conseil des ministres. Nous pensons
qu’en prolongeant les deux digues de 10
km de part et d’autre du fleuve, ça va re-
hausser le niveau de l’eau dans le bar-
rage. Ce qui facilitera l’irrigation et la
navigation que nous envisageons de lan-
cer comme nouvelle activité économique
de l’Omvs. Des démarches hardies et sou-
tenues sont en train d’être engagées vers
un certain nombre de bailleurs de fonds
afin de mobiliser les financements néces-
saires et engager les travaux dans les meil-
leurs délais.
Le Système de Transport multimodal (Si-
tram) axé sur la navigation sur le fleuve
Sénégal est un des projets-phares de
l’Omvs car il est censé booster l’écono-
mie des Etats-membres en désenclavant
certaines régions et en favorisant la mo-
bilité. Y a-t-il des progrès tangibles dans
la mobilisation des fonds ?
Je dois avouer que malgré la pertinence
du projet Sitram, il n’avait pas été possi-
ble, jusque-là, de maintenir un intérêt
soutenu des bailleurs de fonds qui avaient
manifesté de la considération pour ce
projet, lors de la réunion des donateurs de
2011. Nous avons donc profité de la der-
nière réunion de la Banque africaine de
Développement à Marrakech, pour faire
le marketing de ce dossier. Fort heureuse-
ment, les fonds arabes, avec comme chef
de file, la Banque islamique de Dévelop-
pement, ont exprimé un nouvel intérêt
par rapport à ce dossier. Ils vont ainsi le
présenter à la réunion de coordination
des Fonds arabes islamiques en novembre
prochain à Doha. Le financement doit
être trouvé pour que le travail soit engagé.
Je rappelle que le Sitram comprend un
certain nombre de volets. D’abord le
volet navigation fluviale qui nécessite
entre autres la réhabilitation d’une di-
zaine de quais le long du fleuve. De
Kaédi à Saint-Louis, le dragage et le bali-
sage du fleuve devront être réalisés. Ce
volet navigation sera couplé avec la
construction d’un port fluviomaritime à
Saint-Louis et un port minéralier dans
l’océan Atlantique à côté de Saint-Louis.
Les dossiers sont à un stade très avancé
ainsi que la recherche de financement.
Le Sitram comprend aussi un volet désen-
clavement routier tel que la route Rosso-
Diama, la route d’accès au barrage de
Manantali et un important volet routier de
400 km en Guinée.
La composante routière en Guinée per-
met d’accéder aux sites des différents bar-
rages et de relier les villes de Labé,
Dinguiraye et Siguiri. Ce dossier vient
d’être soumis aux fonds arabes. Ils ont ex-
primé leur accord de financement. Le Si-
tram, quand il sera réalisé, permettra à la
fois de faciliter le déplacement des popu-
lations le long des rives du Fleuve sur sa
partie navigable, sur près de 800 km,
mais il va permettre surtout d’exploiter le
secteur minier avec les mines de phos-
phates en Mauritanie et au Sénégal.
Une fois que le transport fluviomaritime
sera effectif, il sera possible de le prolon-
ger en mer pour relier Saint-Louis, Dakar,
Banjul, Conakry, Freetown et Monrovia.
Nous envisageons, dans ce cadre, de si-
gner des accords avec l’Omvg et Mano
River. Il existe, en effet, un important po-
tentiel d’échanges avec les pays concer-
nés. Le Libéria et la Sierra-Léone
importent du sel d’Europe alors que leurs
besoins peuvent être satisfaits à partir du
Sénégal. De même, la Mauritanie, grande
exportatrice de poisson, qui d’ailleurs, en-
visage de construire un grand port, entre
Nouakchott et Saint-Louis, pourrait s’ap-
puyer sur les pays du Sud.
«VALORISER TOUTES
LES POTENTIALITES»
L’Organisation que vous dirigez au-
jourd’hui est ancienne, dotée d’une riche
histoire. Quelle direction novatrice sou-
haitez-vous lui faire prendre ?
Je dois me réjouir que les pères fondateurs
de l’Omvs aient pu mettre en place cet
outil qui est unique en son genre. De
toutes les organisations régionales et
sous-régionales de bassin en Afrique,
l’Omvs est celle qui a le plus de crédit, et
qui affiche le plus de réalisations. Je dois
à cet effet, rendre un vibrant hommage à
tous les Hauts-Commissaires qui m’ont
précédé pour avoir hissé notre organisa-
tion à ce niveau respectable. Mais comme
toute œuvre humaine, elle est perfectible.
Aujourd’hui, nous pensons qu’après qua-
rante ans, il est possible de rénover
l’Omvs dans deux directions. Au niveau
interne d’abord, c’est de mieux qualifier
la façon de travailler en amenant plus de
rigueur, plus d’efficience dans la gestion
des ressources. C’est ce que
j’appelle «faire plus et mieux» et ceci peut
et doit se refléter dans toutes nos façons
de faire. Economiser sur les missions, par-
tager les informations, développer des
synergies.
Cela va de l’amélioration des conditions
de travail à la qualification du personnel.
Notre ambition est de permettre aux uns
et aux autres d’être plus efficients, en
améliorant la cohésion ainsi que la com-
munication. C’est également prendre en
compte les idées et les initiatives. Nous
devons avoir plus d’ambitions pour des
Etats qui ont peu de moyens et que nous
devons servir dans le but d’accélérer leur
développement économique et social.
Au niveau de nos Etats, notre ambition de
contribuer au développement écono-
mique invite à une vision plus large. En
d’autres termes, nous voulons mener des
activités, au-delà des 10 km de part et
d’autre des deux rives du fleuve. Faire des
activités qui impactent à plusieurs kilo-
mètres du bassin, sur l’ensemble du bas-
sin et même hors du bassin dans chaque
pays membre.
Penser aussi à un nouveau mécanisme de
financement pour accélérer l’atteinte des
objectifs que nous nous sommes fixés. Je
peux prendre deux ou trois exemples :
jusque-là, nous financions les realisations
des barrages hydro-électriques en recou-
rant à des fonds publics. Le fait que nous
ayons un réseau interconnecté doit nous
pousser à encourager les privés à
construire des barrages hydro-électriques
en Bot, suivant des cahiers de charges
bien précis. Ainsi, le transport sera fait sur
notre réseau et nos pays peuvent très ra-
pidement bénéficier de cette énergie sans
être obligés de s’endetter. De même, on
peut demander à ce que certains produi-
sent des énergies renouvelables comme
le solaire. La plupart de nos pays ont un
immense potentiel d’ensoleillement et
des espaces qui nous permettent d’instal-
ler le solaire. Ainsi, les coûts de produc-
tion de l’énergie solaire, aujourd’hui
abordables, nous permettent de combler
les déficits en énergie de nos pays. La dé-
couverte de gaz en Mauritanie nous
donne l’opportunité de renforcer notre ré-
seau et d’être transporteur d’énergie. Avec
les interconnections qui se profilent à
l’horizon avec les réseaux de la Côte
d’Ivoire, de la Gambie et du Liberia, pour-
quoi ne pas favoriser la vente de l’électri-
cité à ces derniers, si nous avons des
excédants importants, dans le cadre de
notre nouveau concept de «bassin élargi
et diversifié».
Nous constatons qu’il y a beaucoup de
nouvelles idées que vous agitez à travers
de ce concept de «bassin élargi et diver-
sifié»…
Effectivement, le concept de bassin diver-
sifié peut et doit embrasser une multitude
de secteurs. Si nous profitons intelligem-
ment des synergies créées, il est possible de
développer parallèlement et simultanément
plusieurs secteurs économiques et sociaux.
Oui, nous pouvons développer des activi-
tés, générer des revenus, soustraire de la
pauvreté un nombre important de nos po-
pulations. Par exemple, si le code de navi-
gation du Sitram est mis en œuvre, ceci
peut faciliter le commerce de produit vé-
gétal et animal entre nos Etats membres et
les Etats voisins. Ce qui peut contribuer à
l’amélioration de la sécurité alimentaire.
De même, si l’électricité est disponible, elle
peut permettre de valoriser notre secteur de
l’élevage par la construction d’abattoirs
modernes, la production et la consomma-
tion de produits laitiers, étant donné l’im-
mense cheptel qui existe dans nos Etats.
La construction et la densification du ré-
seau du Sitram rendra rentable l’exploi-
tation d’importantes ressources
minières qui créent des emplois di-
rects ou indirects et va accroitre les
recettes des Etats. Le potentiel des
cultures maraichères et horti-
coles dans le bassin est im-
mense.
C’est
cette
approche qui sous-tend
le concept de bassin
élargi et diversifié.
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L ’ I N T E R V I E W
OMVS
LE JOURNAL - N°08 Octobre 2013
La mobilisation du personnel, un levier essentiel du «faire plus et mieux»
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