OMVS Le Journal - N 8 - page 4

Kabiné Komara
HAUT COMMISSAIRE DE L’OMVS
«Faire plus
et mieux…»
e premier dossier que
vous avez trouvé sur la
table est celui du parte-
nariat avec Eskom, la so-
ciété sud
-
africaine qui
exploite l’énergie de
Manantali et dont le
contrat arrivait à échéance.
Quelles dispositions sont prises sur ce
dossier ?
Parmi les décisions prises par la dernière
conférence des chefs d’Etat et de gouver-
nement a été de régler rapidement le dif-
férend entre la Sogem et la société Eskom.
Il y avait des causes qui justifiaient natu-
rellement cette crise. Elles sont de trois or-
dres : la crise de confiance entre Eskom et
la Sogem, le déséquilibre financier de la
Sogem, et la vétusté de l’outil de produc-
tion. En effet, depuis plus de trente ans,
les grosses réparations et l’entretien ma-
jeur n’avaient pas été faits. On constatait
de plus en plus des pannes majeures et
d’ailleurs sur les cinq groupes qui produi-
saient les 200 Mw, un premier groupe
avait lâché faute d’entretien et cette situa-
tion risquait de s’aggraver, ce qui, à terme,
pourrait conduire à l’arrêt de la centrale.
Ce diagnostic fait, nous avons convaincu
les Etats de changer de démarche dans
la gestion de la société. Ainsi, des éco-
nomies de l’ordre de 25% on été
faites sur le nouveau budget. Ce
qui a été fortement salué par les
bailleurs.
Nous avons réussi aussi à
amener le prix du kilo-
watt/heure de 35 à 37,4
francs Cfa. Cette nou-
velle tarification est
d’ailleurs en vigueur
depuis le 1
er
juillet
2013.
Maintenant, il restait la question des
grosses réparations au niveau du barrage.
Les coûts sont estimés à environ 15 mil-
liards. Nous sommes convenus finale-
ment, au niveau interne, de trouver les
moyens et d’engager les travaux dans un
délai de trois ans.
Fort de tout cela, nous avons engagé les
négociations avec Eskom. Aujourd’hui,
nous pouvons dire que des solutions sont
en vue. En effet, le gouvernement sud afri-
cain a décidé de s’engager et les deux
parties signeront un accord pour dix ans,
en marge de la visite au Sénégal, en oc-
tobre, du Président Jacob Zuma.
Mais si un accord n’avait pas été trouvé,
une alternative crédible aurait été active-
ment recherchée.
Ce secteur de l’énergie est crucial pour
les Etats membres qui comptent sur le
programme d’infrastructures hydroélec-
triques de l’Omvs pour combler leur gap.
Quelles sont les dernières avancées ?
Le bassin du fleuve Sénégal, long de
1.830 km, a un potentiel hydroélectrique
de 2000 Mw. Sur ce potentiel, deux sites
sont actuellement aménagés ; à savoir
Manantali, 200 Mw, et Fellou, 60 Mw.
D’autres sites sont en projet parmi les-
quels il faut citer le site de Gouina, 150
Mw, dont le financement est presque bou-
clé. Nous pensons, pour ce dernier, que
les travaux vont démarrer d’ici à la fin de
l’année.
Dans le bassin guinéen, il y a trois sites de
barrages qui totalisent un potentiel d’au
moins 600 Mw. Le plus grand de tous est
le site de Koukoutamba qui fait 294 Mw ;
nous voulons que les travaux de réalisa-
tion démarrent l’année prochaine. Il sera
suivi, si tout va bien, du site de Boureya,
250 Mw et les autres après. Notre straté-
gie n’est pas de nous contenter de l’hydro-
électricité ; nous voulons valoriser toutes
les autres potentialités de quelque nature
que ce soit dans les quatre pays. C’est
dans ce cadre qu’il faut saluer le fait que
la Mauritanie ait découvert du gaz en
quantité suffisante pour produire de
l’électricité. Ce qui constitue un projet
ambitieux. Ainsi, dans moins de deux ans,
160 mw d’électricité seront disponibles et
une partie de cette énergie va être drainée
à travers le réseau Omvs, d’abord vers le
Sénégal et ensuite vers le Mali, car cette
capacité est extensible jusqu’à 700 Mw.
Nous allons aussi engager des études par
rapport aux centrales solaires. Comme
nous avons la chance d’avoir un réseau
interconnecté, la nouvelle approche, c’est
d’utiliser le réseau, le moderniser, le den-
sifier et le rendre versatile pour permettre
de transporter l’énergie de l’amont vers
l’aval et de l’aval vers l’amont. Ainsi, nous
pouvons attirer les producteurs privés
pour fournir l’énergie en provenance
d’autres sources comme le solaire ou le
gaz. Ce qui permet de diversifier et sécu-
riser la desserte des quatre Etats à des
coûts compétitifs.
Au moment même où tous ces efforts
sont déployés pour réaliser de nouvelles
infrastructures, il semble que l’Organisa-
tion peine à assurer la maintenance des
ouvrages existants, en particulier le bar-
rage de Diama, dont l’entretien se pose
avec acuité.
Le barrage de Diama est le premier ou-
vrage qui a été réalisé par l’Omvs en
1986. Il a permis d’abord de stopper les
remontées salées, de libérer des terres cul-
tivables, de stocker de l’eau douce pour
faire l’irrigation, mais aussi pour alimen-
ter, en eau potable, les villes de Nouak-
chott à 100% et Dakar 60%, sans compter
les autres aspects environnementaux dont
le maintien de l’écosystème.
Force est de reconnaître que nous
sommes confrontés à un gros problème
de ressources nécessaires à cet impératif
de maintenance qui n’ont pas été dégagés
à temps pour faire face aux travaux de
grosses réparations et de maintien, dictés
par l’âge avancé. Il est urgent de réagir
pour ne pas mettre en danger tout le sys-
tème des infrastructures régionales de
l’Omvs. Des discussions sont en cours
avec nos partenaires financiers.
«ACCELERER
LE DEVELOPPEMENT
ECONOMIQUE ET SOCIAL
DE NOS ETATS»
Qu’est-ce qui nous a amené aujourd’hui
à cette situation alarmante ?
Les causes sont principalement de trois
ordres : la première tient à la gestion de
la société qui, sur le plan commercial, a
manqué d’agressivité pour recouvrer les
recettes afin de faire face aux charges de
fonctionnement. La deuxième cause est
que les travaux qui ont été différés dans le
temps, étaient urgents. La troisième raison
est qu’il n’a pas été possible de mobiliser
les ressources extérieures pour faire face
à ces travaux.
Une nouvelle direction a été mise en
place, elle est en train de mener sous mon
orientation une étude diagnostic du fonc-
tionnement du dossier technique de réha-
bilitation et de réduction des coûts. Ce
travail commence à donner des fruits. Le
L
L ’ I N T E R V I E W
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LE JOURNAL - N°08 Octobre 2013
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