Kabiné Komara
NOUVEAU HAUT COMMISSAIRE
La vie est faite de plu-
sieurs matins… Je dé-
barque à l’Omvs sans
prétention aucune et
préfère répondre par des ac-
tions concrètes».
Ces propos em-
preints de sagesse, d’humilité et
surtout de réalisme, du nouveau Haut
commissaire, tenus lors de la cérémo-
nie de passation de service avec son
prédécesseur, donnent déjà une idée
de la personnalité de ce natif de Kan-
kan, une grande ville de la Haute-
Guinée sur la rivière Milo.
Kabiné Komara, né un mois de mars,
il y a 63 ans, est un pur produit du
pays mandingue, célèbre pour son
université et son enseignement re-
ligieux.
Il fait ses premières humanités à Kan-
kan, puis en Guinée forestière avant
de gagner Conakry, la capitale.
C’est avec la mention «Excellent»
qu’il décroche en 1973 la maitrise en
Gestion et Comptabilité à l’Ecole su-
périeure d’Administration de l’Institut
polytechnique Gamal Abdel Nasser
de Conakry. Par la suite, il entreprend
des études spécialisées à l’Institut su-
périeur des Affaires (Isa) de Paris, puis
au Boulder Economics Institute de
l’Université de Colorado (Usa), en
1992.
Tenace, il obtient avec mention un
Mba de l’Ecole supérieure de Com-
merce de Rennes puis le Banking Di-
ploma à l’American University in
Cairo en Egypte.
Banquier chevronné, ouvert d’esprit,
il débute une carrière à la Banque
centrale de Guinée en 1974. Il y est
chef du service Compensation avant
d’être nommé inspecteur financier à
la Présidence de la République.
Le nouveau Haut Commissaire occu-
pera aussi le poste de directeur ad-
ministratif de la société Friguia, le seul
consortium international qui produit
de l’aluminium en Afrique et dont
l’actionnaire principal est la société
française Péchiney. Il sert également
dans la grande filiale de bauxite de la
société américaine Alcoa en Guinée,
la Compagnies des Bauxites de Gui-
née (CBG), premier exportateur mon-
dial de bauxite, en qualité de
Directeur adjoint des Ressources Hu-
maines. Il travaille ainsi au cœur du
secteur minier douze années sans dis-
continuer et participe à plusieurs ré-
formes de ce secteur aussi bien en
Guinée qu’ailleurs.
Doté d’une grande expérience et d’un
réseau de relations sur l’échiquier de
la finance internationale, Monsieur
Komara mobilisera d’importantes res-
sources auprès des bailleurs de fonds
pour le financement des divers projets
d’envergure au profit de son pays
comme responsable de la stratégique
Direction nationale des Investisse-
ments publics au ministère du Plan et
de la Coopération internationale.
Administrateur suppléant à la Banque
africaine de Développement (Bad) à
Abidjan pendant cinq ans, il super-
vise la création de la Banque afri-
caine d’Import-Export (Afreximbank)
avant de rejoindre cette institution de
promotion et de financement du
commerce intra africain et des expor-
tations africaines en Egypte à partir
d’aout 1995, dont il sera chef de dé-
partement pendant quatorze années.
Soucieux du devenir de la Guinée, de
sa stabilité et de son développement
dans l’unité, Kabiné Komara accepte
le 30 décembre 2008 le poste de Pre-
mier ministre, qu’il quittera en mars
2010. Il sera alors salué pour sa pro-
bité par les populations comme par la
communauté internationale.
Sa nomination à la tête de l’Omvs en
mars 2013 (un mois fétiche !), est une
nouvelle page et «une marque de re-
connaissance du peuple guinéen»,
selon la presse locale.
Décidemment, «la vie est faite
de plusieurs matins» pour ce
père de six enfants, marié à
Mariama Ciré Camara.
Mais, c’est connu :
derrière
chaque
grand homme se
cache une grande
dame,
dit l’adage…
Editorial
Par Kabiné KOMARA
pour un bassin
élargi et diversifié
L’EXPERIENCE DU BANQUIER
AU SERVICE DE L’OMVS
3
l ’ e v e n e m e n t
OMVS
LE JOURNAL - N°08 Octobre 2013
«
n créant l’Omvs le 11mars
2012, à la suite de l’écatement
de l’Organisation des Etats ri-
verains du fleuve Sénégal,
Oers, les pères fondateurs ont
fait preuve d‘une vision re-
marquable. ils ont bâti cette
institution sur un socle juri-
dique unique et lui ont permis de réaliser
des projets de grande envergure, qui lui valent
aujourd’hui d’être citée en exemple en
Afrique et dans le monde. L’Omvs était consti-
tuée initialement par le Sénégal, le Mali et la
Mauritanie, qui ont été réjoints par la Guinée
en 2006.
L’Omvs est bâtie autour de la gestion concer-
tée du fleuve Sénégal, troisième plus long
fleuve d’Afrique, qui prend sa naissance en
Guinée et se jette dans l’océan Atlantique à
Saint-Louis du Sénégal, après un parcours de
près d 1800 km à travers la Guinée, le Mali,
la Mauritanie et le Sénégal.
C’est le seul organisme de bassin en Afrique
qui a adopté et mis systématiquement en oeu-
vre le principe selon lequel tout ouvrage ma-
jeur sur le fleuve est propriété commune des
Etats membres qui en partagent équitablement
les bénéfices.
Il en est ainsi du barrage hydroélectrique de
Manatali qui, tout en contribuant à réguler le
fleuve, produit depuis 2002 en moyenne 800
Gw d’énergie électrique par an, répartie entre
les Etats initiateurs grâce au réseau intercon-
necté de l’Omvs, long de 1.650 km. Il en est
de même du barrage de Diama, situé à 30 km
de l’embouchure du fleuve. Il permet de
stocker entre 250 et 500 millions de m3 d’eau
douce pour l’irrigation des terres, le maintien
de l’écosystème et l’alimentation en eau po-
table de Nouakchott et Dakar.
L’Omvs doit-elle pour autant dormir sur ses
lauriers quand nos populations ont une ar-
dente soif de sortir de la puuvreté et du sous-
développement ?
Comment admettre les délestages intempestifs
et le déficit énergétique quand le potentiel hy-
droélectrique inexploité du bassin dépasse
1.500 mégawatts et que le niveau d’ensoleil-
lement y est suffisant pour produire de l’éner-
gie solaire en grande quantité et l’injecter dans
le réseau interconnecté ?
Peut-on comprendre que dans la plupart de
nos pays la sécurité alimentaire ne soit pas en-
core assurée, alors que plus de 200.000 ha
supplémentaires pourraient actuellement pro-
fiter de nos capacités d’irrigation ?
Comment accepter que les richesses minières
immenses demeurent inexploitées dans le
bassin faute de moyens d’évacuation, alors
que le fleuve peut être rendu navigable pour
assurer de manière économique le drainage
des productions vers un port d’exportation ?
Les exemples d’un tel paradoxe sont légion.
Pour toutes ces raisons, il nous a semblé im-
portant d’insuffler à notre Organisation une
nouvelle dynamique, des solutions plus inno-
vantes inspirées par de grndes ambitions.
A cet effet, nous devons capter et développer
toutes les opportunités, capitaliser toutes les
initiatives pour faire de l’Omvs une organisa-
tion plus conquérante a diapason des attentes
et des espoirs de nos populations.
En conséquence, nous devons revoir de fond
en comble nos méthodes de travail, notre
façon d’agir pour tendre vers un «Bassin élargi
et diversifié», en faisant toujours «plus et
mieux». Nous svons pouvoir compter sur la
bienveillance des plus hautes autorités de nos
Etats pour soutenir toutes novatrices initiatives.
E
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