OMVS le journal N° 08 - Octobre 2013
montant total pour une réhabilitation complète du complexe de Diama (bar- rage, écluse, Duc d’Ale, digues, ouvrages incorporés, patrimoine bâti…) est estimé à plus de 30 milliards de francs Cfa. Toutefois, il est important de signaler que l’urgence est la réhabilitation immédiate et sans délai de la structure métallique du barrage avec tout le système électronique qui gère les différentes opérations d’ex- ploitation des ouvrages du système. Nous allons coupler tout cela avec une étude de rationalisation des dépenses et d’in- ventaire exhaustif de tous les usagers qui prélèvent de l’eau dans le fleuve, de quelque nature qu’ils soient. Les tarifs sont mal structurés entre les industriels, les paysans, etc. Nous devons trouver un équilibre financier qui permette à la fois d’assurer le fonctionnement et le taux de renouvellement et d’entretien. Tout ceci va être soumis d’ici la fin de l’année au Conseil des ministres. Nous pensons qu’en prolongeant les deux digues de 10 km de part et d’autre du fleuve, ça va re- hausser le niveau de l’eau dans le bar- rage. Ce qui facilitera l’irrigation et la navigation que nous envisageons de lan- cer comme nouvelle activité économique de l’Omvs. Des démarches hardies et sou- tenues sont en train d’être engagées vers un certain nombre de bailleurs de fonds afin de mobiliser les financements néces- saires et engager les travaux dans les meil- leurs délais. Le Système de Transport multimodal (Si- tram) axé sur la navigation sur le fleuve Sénégal est un des projets-phares de l’Omvs car il est censé booster l’écono- mie des Etats-membres en désenclavant certaines régions et en favorisant la mo- bilité. Y a-t-il des progrès tangibles dans la mobilisation des fonds ? Je dois avouer que malgré la pertinence du projet Sitram, il n’avait pas été possi- ble, jusque-là, de maintenir un intérêt soutenu des bailleurs de fonds qui avaient manifesté de la considération pour ce projet, lors de la réunion des donateurs de 2011. Nous avons donc profité de la der- nière réunion de la Banque africaine de Développement à Marrakech, pour faire le marketing de ce dossier. Fort heureuse- ment, les fonds arabes, avec comme chef de file, la Banque islamique de Dévelop- pement, ont exprimé un nouvel intérêt par rapport à ce dossier. Ils vont ainsi le présenter à la réunion de coordination des Fonds arabes islamiques en novembre prochain à Doha. Le financement doit être trouvé pour que le travail soit engagé. Je rappelle que le Sitram comprend un certain nombre de volets. D’abord le volet navigation fluviale qui nécessite entre autres la réhabilitation d’une di- zaine de quais le long du fleuve. De Kaédi à Saint-Louis, le dragage et le bali- sage du fleuve devront être réalisés. Ce volet navigation sera couplé avec la construction d’un port fluviomaritime à Saint-Louis et un port minéralier dans l’océan Atlantique à côté de Saint-Louis. Les dossiers sont à un stade très avancé ainsi que la recherche de financement. Le Sitram comprend aussi un volet désen- clavement routier tel que la route Rosso- Diama, la route d’accès au barrage de Manantali et un important volet routier de 400 km en Guinée. La composante routière en Guinée per- met d’accéder aux sites des différents bar- rages et de relier les villes de Labé, Dinguiraye et Siguiri. Ce dossier vient d’être soumis aux fonds arabes. Ils ont ex- primé leur accord de financement. Le Si- tram, quand il sera réalisé, permettra à la fois de faciliter le déplacement des popu- lations le long des rives du Fleuve sur sa partie navigable, sur près de 800 km, mais il va permettre surtout d’exploiter le secteur minier avec les mines de phos- phates en Mauritanie et au Sénégal. Une fois que le transport fluviomaritime sera effectif, il sera possible de le prolon- ger en mer pour relier Saint-Louis, Dakar, Banjul, Conakry, Freetown et Monrovia. Nous envisageons, dans ce cadre, de si- gner des accords avec l’Omvg et Mano River. Il existe, en effet, un important po- tentiel d’échanges avec les pays concer- nés. Le Libéria et la Sierra-Léone importent du sel d’Europe alors que leurs besoins peuvent être satisfaits à partir du Sénégal. De même, la Mauritanie, grande exportatrice de poisson, qui d’ailleurs, en- visage de construire un grand port, entre Nouakchott et Saint-Louis, pourrait s’ap- puyer sur les pays du Sud. «VALORISER TOUTES LES POTENTIALITES» L’Organisation que vous dirigez au- jourd’hui est ancienne, dotée d’une riche histoire. Quelle direction novatrice sou- haitez-vous lui faire prendre ? Je dois me réjouir que les pères fondateurs de l’Omvs aient pu mettre en place cet outil qui est unique en son genre. De toutes les organisations régionales et sous-régionales de bassin en Afrique, l’Omvs est celle qui a le plus de crédit, et qui affiche le plus de réalisations. Je dois à cet effet, rendre un vibrant hommage à tous les Hauts-Commissaires qui m’ont précédé pour avoir hissé notre organisa- tion à ce niveau respectable. Mais comme toute œuvre humaine, elle est perfectible. Aujourd’hui, nous pensons qu’après qua- rante ans, il est possible de rénover l’Omvs dans deux directions. Au niveau interne d’abord, c’est de mieux qualifier la façon de travailler en amenant plus de rigueur, plus d’efficience dans la gestion des ressources. C’est ce que j’appelle «faire plus et mieux» et ceci peut et doit se refléter dans toutes nos façons de faire. Economiser sur les missions, par- tager les informations, développer des synergies. Cela va de l’amélioration des conditions de travail à la qualification du personnel. Notre ambition est de permettre aux uns et aux autres d’être plus efficients, en améliorant la cohésion ainsi que la com- munication. C’est également prendre en compte les idées et les initiatives. Nous devons avoir plus d’ambitions pour des Etats qui ont peu de moyens et que nous devons servir dans le but d’accélérer leur développement économique et social. Au niveau de nos Etats, notre ambition de contribuer au développement écono- mique invite à une vision plus large. En d’autres termes, nous voulons mener des activités, au-delà des 10 km de part et d’autre des deux rives du fleuve. Faire des activités qui impactent à plusieurs kilo- mètres du bassin, sur l’ensemble du bas- sin et même hors du bassin dans chaque pays membre. Penser aussi à un nouveau mécanisme de financement pour accélérer l’atteinte des objectifs que nous nous sommes fixés. Je peux prendre deux ou trois exemples : jusque-là, nous financions les realisations des barrages hydro-électriques en recou- rant à des fonds publics. Le fait que nous ayons un réseau interconnecté doit nous pousser à encourager les privés à construire des barrages hydro-électriques en Bot, suivant des cahiers de charges bien précis. Ainsi, le transport sera fait sur notre réseau et nos pays peuvent très ra- pidement bénéficier de cette énergie sans être obligés de s’endetter. De même, on peut demander à ce que certains produi- sent des énergies renouvelables comme le solaire. La plupart de nos pays ont un immense potentiel d’ensoleillement et des espaces qui nous permettent d’instal- ler le solaire. Ainsi, les coûts de produc- tion de l’énergie solaire, aujourd’hui abordables, nous permettent de combler les déficits en énergie de nos pays. La dé- couverte de gaz en Mauritanie nous donne l’opportunité de renforcer notre ré- seau et d’être transporteur d’énergie. Avec les interconnections qui se profilent à l’horizon avec les réseaux de la Côte d’Ivoire, de la Gambie et du Liberia, pour- quoi ne pas favoriser la vente de l’électri- cité à ces derniers, si nous avons des excédants importants, dans le cadre de notre nouveau concept de «bassin élargi et diversifié». Nous constatons qu’il y a beaucoup de nouvelles idées que vous agitez à travers de ce concept de «bassin élargi et diver- sifié»… Effectivement, le concept de bassin diver- sifié peut et doit embrasser une multitude de secteurs. Si nous profitons intelligem- ment des synergies créées, il est possible de développer parallèlement et simultanément plusieurs secteurs économiques et sociaux. Oui, nous pouvons développer des activi- tés, générer des revenus, soustraire de la pauvreté un nombre important de nos po- pulations. Par exemple, si le code de navi- gation du Sitram est mis en œuvre, ceci peut faciliter le commerce de produit vé- gétal et animal entre nos Etats membres et les Etats voisins. Ce qui peut contribuer à l’amélioration de la sécurité alimentaire. De même, si l’électricité est disponible, elle peut permettre de valoriser notre secteur de l’élevage par la construction d’abattoirs modernes, la production et la consomma- tion de produits laitiers, étant donné l’im- mense cheptel qui existe dans nos Etats. La construction et la densification du ré- seau du Sitram rendra rentable l’exploi- tation d’importantes ressources minières qui créent des emplois di- rects ou indirects et va accroitre les recettes des Etats. Le potentiel des cultures maraichères et horti- coles dans le bassin est im- mense. C’est cette approche qui sous-tend le concept de bassin élargi et diversifié. 5 L ’ I N T E R V I E W OMVS LE JOURNAL - N°08 Octobre 2013 La mobilisation du personnel, un levier essentiel du «faire plus et mieux» OMVS OCT 2013:Mise en page 1 20/10/13 20:13 Page5
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