OMVS le journal N° 08 - Octobre 2013
Kabiné Komara HAUT COMMISSAIRE DE L’OMVS «Faire plus et mieux…» e premier dossier que vous avez trouvé sur la table est celui du parte- nariat avec Eskom, la so- ciété sud - africaine qui exploite l’énergie de Manantali et dont le contrat arrivait à échéance. Quelles dispositions sont prises sur ce dossier ? Parmi les décisions prises par la dernière conférence des chefs d’Etat et de gouver- nement a été de régler rapidement le dif- férend entre la Sogem et la société Eskom. Il y avait des causes qui justifiaient natu- rellement cette crise. Elles sont de trois or- dres : la crise de confiance entre Eskom et la Sogem, le déséquilibre financier de la Sogem, et la vétusté de l’outil de produc- tion. En effet, depuis plus de trente ans, les grosses réparations et l’entretien ma- jeur n’avaient pas été faits. On constatait de plus en plus des pannes majeures et d’ailleurs sur les cinq groupes qui produi- saient les 200 Mw, un premier groupe avait lâché faute d’entretien et cette situa- tion risquait de s’aggraver, ce qui, à terme, pourrait conduire à l’arrêt de la centrale. Ce diagnostic fait, nous avons convaincu les Etats de changer de démarche dans la gestion de la société. Ainsi, des éco- nomies de l’ordre de 25% on été faites sur le nouveau budget. Ce qui a été fortement salué par les bailleurs. Nous avons réussi aussi à amener le prix du kilo- watt/heure de 35 à 37,4 francs Cfa. Cette nou- velle tarification est d’ailleurs en vigueur depuis le 1 er juillet 2013. Maintenant, il restait la question des grosses réparations au niveau du barrage. Les coûts sont estimés à environ 15 mil- liards. Nous sommes convenus finale- ment, au niveau interne, de trouver les moyens et d’engager les travaux dans un délai de trois ans. Fort de tout cela, nous avons engagé les négociations avec Eskom. Aujourd’hui, nous pouvons dire que des solutions sont en vue. En effet, le gouvernement sud afri- cain a décidé de s’engager et les deux parties signeront un accord pour dix ans, en marge de la visite au Sénégal, en oc- tobre, du Président Jacob Zuma. Mais si un accord n’avait pas été trouvé, une alternative crédible aurait été active- ment recherchée. Ce secteur de l’énergie est crucial pour les Etats membres qui comptent sur le programme d’infrastructures hydroélec- triques de l’Omvs pour combler leur gap. Quelles sont les dernières avancées ? Le bassin du fleuve Sénégal, long de 1.830 km, a un potentiel hydroélectrique de 2000 Mw. Sur ce potentiel, deux sites sont actuellement aménagés ; à savoir Manantali, 200 Mw, et Fellou, 60 Mw. D’autres sites sont en projet parmi les- quels il faut citer le site de Gouina, 150 Mw, dont le financement est presque bou- clé. Nous pensons, pour ce dernier, que les travaux vont démarrer d’ici à la fin de l’année. Dans le bassin guinéen, il y a trois sites de barrages qui totalisent un potentiel d’au moins 600 Mw. Le plus grand de tous est le site de Koukoutamba qui fait 294 Mw ; nous voulons que les travaux de réalisa- tion démarrent l’année prochaine. Il sera suivi, si tout va bien, du site de Boureya, 250 Mw et les autres après. Notre straté- gie n’est pas de nous contenter de l’hydro- électricité ; nous voulons valoriser toutes les autres potentialités de quelque nature que ce soit dans les quatre pays. C’est dans ce cadre qu’il faut saluer le fait que la Mauritanie ait découvert du gaz en quantité suffisante pour produire de l’électricité. Ce qui constitue un projet ambitieux. Ainsi, dans moins de deux ans, 160 mw d’électricité seront disponibles et une partie de cette énergie va être drainée à travers le réseau Omvs, d’abord vers le Sénégal et ensuite vers le Mali, car cette capacité est extensible jusqu’à 700 Mw. Nous allons aussi engager des études par rapport aux centrales solaires. Comme nous avons la chance d’avoir un réseau interconnecté, la nouvelle approche, c’est d’utiliser le réseau, le moderniser, le den- sifier et le rendre versatile pour permettre de transporter l’énergie de l’amont vers l’aval et de l’aval vers l’amont. Ainsi, nous pouvons attirer les producteurs privés pour fournir l’énergie en provenance d’autres sources comme le solaire ou le gaz. Ce qui permet de diversifier et sécu- riser la desserte des quatre Etats à des coûts compétitifs. Au moment même où tous ces efforts sont déployés pour réaliser de nouvelles infrastructures, il semble que l’Organisa- tion peine à assurer la maintenance des ouvrages existants, en particulier le bar- rage de Diama, dont l’entretien se pose avec acuité. Le barrage de Diama est le premier ou- vrage qui a été réalisé par l’Omvs en 1986. Il a permis d’abord de stopper les remontées salées, de libérer des terres cul- tivables, de stocker de l’eau douce pour faire l’irrigation, mais aussi pour alimen- ter, en eau potable, les villes de Nouak- chott à 100% et Dakar 60%, sans compter les autres aspects environnementaux dont le maintien de l’écosystème. Force est de reconnaître que nous sommes confrontés à un gros problème de ressources nécessaires à cet impératif de maintenance qui n’ont pas été dégagés à temps pour faire face aux travaux de grosses réparations et de maintien, dictés par l’âge avancé. Il est urgent de réagir pour ne pas mettre en danger tout le sys- tème des infrastructures régionales de l’Omvs. Des discussions sont en cours avec nos partenaires financiers. «ACCELERER LE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DE NOS ETATS» Qu’est-ce qui nous a amené aujourd’hui à cette situation alarmante ? Les causes sont principalement de trois ordres : la première tient à la gestion de la société qui, sur le plan commercial, a manqué d’agressivité pour recouvrer les recettes afin de faire face aux charges de fonctionnement. La deuxième cause est que les travaux qui ont été différés dans le temps, étaient urgents. La troisième raison est qu’il n’a pas été possible de mobiliser les ressources extérieures pour faire face à ces travaux. Une nouvelle direction a été mise en place, elle est en train de mener sous mon orientation une étude diagnostic du fonc- tionnement du dossier technique de réha- bilitation et de réduction des coûts. Ce travail commence à donner des fruits. Le L L ’ I N T E R V I E W OMVS LE JOURNAL - N°08 Octobre 2013 4 OMVS OCT 2013:Mise en page 1 20/10/13 20:13 Page4
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