OMVS le journal N° 13 - Août 2017

OMVS le journal N°13 - Août 2017 16 FOCUS SUR GOuINA www.omvs.org M. le directeur, au regard des préoccupations exprimées par les populations lors de notre reportage, pourquoi n’avoir pas reproduit les villages à l’identique pour le recasement ? P our ce qui est de l’organisation de l’habitat, nous avons respecté le schéma villageois traditionnel. Mais, en lieu et place des maisons tradition- nelles en banco, nous avons voulu profiter du recasement pour améliorer le cadre de vie, en dotant chaque ménage d’une maison (400 m 2 ) équipée de toilettes, cuisine, et grenier. Des équipements sociaux de base (école, centre de santé, lieux de culte, terrains de football, espace public, etc.) ont été égale- ment aménagés. Ce faisant, nous avons appli- qué les meilleurs standards en matière de déplacement de Populations affectées par le Projet (PaPs). Je voudrais ajouter aussi que les plans des nou- veaux villages ont été adoptés par la Commis- sion Régionale de Kayes regroupant autour du Gouverneur, qui en est le Président, les services techniques, les ONG et associations et les maires. les réunions de validation ont abouti à de grandes modifications des plans initiaux. les contributions des maires et des responsables des services techniques nationaux ont permis d’améliorer les plans des sites. Une ONG dé- nommée aDIeS Mali a été recrutée par l’OMVS pour présenter aux PaPs les plans des villages, les critères d’indemnisations, les condi- tions de déplacements, etc. le choix des cou- leurs des maisons a été fait avec les populations. les maisons des familles seront attribuées sous forme de regroupements consensuels. C’est vous dire que tout a été fait avec les acteurs concernés, et que nous n’avons rien laissé au hasard. Le PaR n’est qu’une composante du PGeS qui en compte six. Quel est l’état d’avance- ment de la mise en œuvre des autres compo- santes ? les autres composantes sont à un niveau d’avancement correct. Pour rappel, le PGeS comprend six grandes composantes : Gestion environnementale et sociale (e&S) des chan- tiers ; Gestion environnementale et sociale de l’ouvrage en exploitation ; Indemnisation et com- pensation des populations déplacées ; Gestion durable de la forêt classée de Bagouko ; Déve- loppement local ; Mise en œuvre du PGeS. Pour la composante 1, le Haut-Commissariat doit mettre en place un mécanisme d’appui au sec- teur de la santé. les concertations sont déjà me- nées avec les structures de santé de la région pour une évaluation des besoins en lien avec le projet. la composante 2 sera exécutée plus tard, par l’Opérateur. la composante 3, qui correspond Plan d’action de Réinstallation, est en cours d’exécution. Sa mise en œuvre a nécessité un processus com- plexe impliquant le recrutement de différents in- tervenants (entreprises, ONG, cadres de concertation…) C’est la composante la plus complexe et qui est en pleine exécution. Pour ce qui est de la composante 4, « Gestion durable de la forêt classée de Bagouko », les activités sont menées en partenariat avec la Di- rection Régionale des eaux et forêts de Kayes. elles ont abouti à l’élaboration et à l’adoption du décret n°2016-0754/P-RM du 29 septembre 2016, qui a autorisé le déclassement partiel et fixé les nouvelles limites de la forêt Classée de Bagouko. aussi, une superficie compensatoire de 289 ha est ajoutée à la forêt classée de Ba- gouko. les activités se poursuivent. la compo- sante 5, Développement local sera surtout un accompagnement des personnes affectées par le Projet (PaPs). la Composante 6 est transver- sale. Son exécution a démarré depuis le début du projet. un aperçu des difficultés dans la formulation et la mise en œuvre du PGeS? Il n’y a pas eu de problèmes de formulation car une étude globale préalable a été menée avec des consultations publiques. les difficultés sont surtout liées aux retards dans la mise à disposi- tion des fonds pour le financement des activités. Il ya eu aussi un petit décalage entre la période de l’étude (2012) et le démarrage réel des tra- vaux. Il faut sans doute évoquer également les contraintes et aléas liés au processus participa- tif lui-même : consulter et impliquer toutes les parties prenantes est une machine lourde et exi- geante. C’est la 2 ème fois que des populations sont dé- placées pour construire un barrage de l’OMVS. quelles comparaisons peut-on faire avec l’expérience de Manantali ? quelles le- çons apprises vous ont aidé dans la conduite du PaR Gouina ? la comparaison est difficile car les contextes ne sont pas les mêmes. a l’époque de la construc- tion de Manantali (1982) les politiques et procé- dures environnementales et sociales appliquées actuellement dans tous les travaux de construc- tion de grands ouvrages n’étaient pas aussi drastiques. l’implication des parties prenantes n’avait pas l’envergure actuelle, ni en afrique, ni ailleurs. la prise en compte des dimensions en- vironnementales et sociales a pris une nouvelle tournure positive pour la sauvegarde des intérêts des personnes affectées. Voyez les difficultés auxquelles la france se heurte pour construire le barrage de SIVeNS, qui a suscité l’opposition violente des riverains. Un tel scénario était inima- ginable il y a quelques décennies. Nous avons plutôt appris des expériences récentes de la construction de notre dernier barrage, félou, ou d’autres barrages étrangers, mais aussi celles de l’autoroute à péage de Dakar et de l’aéroport Blaise Diagne. Nous avons évité les erreurs des autres tout en essayant de capitaliser les succès connus. aMaDOU laMINe NdIaye Directeur de l’Environnement et du Développement durable au Haut-Commissariat de l’OMVS, Coordonnateur du PGES de Gouina. « Nous n’avons rien laissé au hasard » le point de vue des experts…. En réponse aux inquiétudes exprimées par les populations, les experts impliqués rappellent que le Plan d’action de Réinstallation est établi conformément aux lois maliennes et aux prescriptions relatives aux Plans d’action de Réinstallation contenues dans la Directive OP 412 du Groupe de la Banque Mondiale. Bakari doumbia , sociologue, chargé de la réinstallation des populations « Même après la réinstallation, nous accompagnerons les populations » « Ce qui nous incombe, c’est de faire une réinstallation réussie de sorte que les populations n’aient pas à regret- ter le fait qu’on les ait obligées à changer de site. Pour ce faire, nous améliorons leurs conditions de vie en termes de compensation, et autres. qu’elles soient à l’aise sinon même mieux qu’avant. aussi il y a des ac- compagnements aussi bien psychologiques que ma- tériels. Sur le plan psychologique, nous impliquons au maximum les populations dans les prises de décisions. Il y a également des mesures telles que la construction des écoles, des maisons communes, etc. pour permettre à ces popu- lations de s’épanouir. De plus, même après la réinstallation, nous accompa- gnerons pendant un certain temps les populations pour leur développement ». el adj Sékou Touré, environnementaliste de la Cellule Technique de Mise en œuvre du PGeS (CTM), chargé du suivi des travaux du projet hydroélectrique de Gouina « Des mesures sont prises pour atténuer ces impacts » « quand on parle de construction de barrage hydroélec- trique, cela a forcement des impacts sur la nature. Mon rôle est donc de veiller à réduire les impacts négatifs. Pour ce faire, des études ont été menées et des me- sures sont prises pour diminuer voire éviter ces im- pacts. Parmi ces mesures, il y a le reboisement pour pallier les destructions causées par les travaux. Pour la réinstallation, une partie de la forêt classée a été dé- classée et nous veillerons à ce qu’une autre partie soit classifiée… » yousouf Camara , point focal technique de la Cellule nationale de l’OMVS et repré- sentant permanent du Comité Régional de Kayes « Les populations déplacées doivent bénéficier de certains avantages » « Ici, je représente le gouvernement malien mais aussi les populations concernées. le barrage se construit ici au Mali. Mon rôle est donc de veiller à ce que les intérêts de la partie malienne soient pris en compte. aussi, je suis l’avocat de ces populations. elles n’ont pas demandé à être déplacées. Si cela doit arriver, elles doivent bénéficier d’un certains nombre de droits pour leur épanouissement… » Capitaine Sidy Koné , chef de la division aménagement de Kayes « Tout a été fait dans le strict respect de règles » « Dans le cadre de la construction du barrage hydraulique de Gouina, qui a occasionné des processus de réinstal- lation, une partie de la forêt classée à été déclassée, environ 289 ha. Mais une compensation a été faite car la même superficie a été classée. Surtout, l’OMVS a soutenu le reboisement de la nouvelle par- tie classée. aussi, des études ont été faites pour aménager et préserver la forêt et un poste de contrôle est prévu pour la protection de cette forêt classée. la satisfaction est donc totale car tout a été fait dans le strict respect de règles ».

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