OMVS le journal N° 12 - Octobre 2016
3 OMVS le journal N°12 - octobre 2016 www.omvs.org L’éVÈNE Ment Mesdames, Messieurs, les Représentants des pays membres du Conseil de sécu- rité, Chers invités, Le Sénégal a proposé cette réunion en for- mule Arria, dans le cadre de son mandat au Conseil de Sécurité, pour contribuer à la prise de conscience sur la situation des res- sources en eau dans le monde et des risques de conflits qui pourraient en résul- ter. Et j’ai tenu à y participer personnellement pour marquer l’importance que notre pays attache à la question. Je vous remercie tous d’avoir honoré cette rencontre de votre présence, à commencer par nos panélistes, pour la clarté et la perti- nence de leurs communications. Avec 2% du volume total de l’eau sur la terre, l’eau douce représente une ressource stratégique inégalement répartie entre les 7,35 milliards d’habitants de la planète. Des millions de personnes à travers le monde n’ont pas accès à l’eau, et 80% des maladies contemporaines sont d’origine hy- drique. Tout laisse croire que les ressources en eau douce resteront un enjeu considérable au sein et entre les nations en raison de l’ac- croissement démographique, de l’urbani- sation galopante et des pressions multiples pour les besoins de l’agriculture et de l’in- dustrie. Les projections statistiques montrent que les prélèvements sur la ressource aug- menteront de 50% d’ici à 2050. L’eau est source de vie et de bien-être lorsque son usage fait appel à l’esprit de coopération et de partage. Mais sans la sagesse que requiert la concertation, elle peut être une cause po- tentielle de conflit, voire une arme de guerre. Selon un vieil adage africain, «Le poisson a confiance en l’eau et pourtant, c’est dans l’eau qu’il est cuisiné». Nous pouvons éviter ce destin aux généra- tions actuelles et futures par une approche préventive de la gestion des ressources en eau conformément au droit international. Défis économiques et sociaux, défis sécuri- taires et de coexistence pacifique autour d’une ressource de plus en plus rare face à des besoins sans cesse croissants : voilà ce Dans le cadre de la consultation de Dakar, le Panel Mondial sur l’Eau et la paix a tenu, le 06 avril 2016, une séance d’échanges sur l’expérience de l’OMVS avec les responsables de l’Organisation, les autorités sénégalaises et des repré- sentants d’organismes de bassins d’Afrique et du monde.Ce panel, consti- tué de 15 personnalités de haut niveau (ancien Chef d’Etat, ministres et universi- taires de renommée mondiale) avait à sa tête M. Danilo Turk, ancien Président de la Slovénie avec comme Vice-présidents M. Mansour Faye, Ministre sénégalais de l’Hydraulique et de l’Assainissement et Président de l’AMCOW, et Dr Alvaro Que- sada, ancien ministre de l’Energie et de l’Environnement du Costa Rica. C’est le Haut-Commissaire de l’OMvS M. Kabiné Komara qui introduira la séance avec un discours de cadrage rappelant les acquis importants de l’Organisation, mais aussi les défis de taille qui l’interpellent. Il s’agit notamment de l’adaptation aux chan- gements climatiques, de la valorisation ur- gente des potentiels hydroélectrique et agricole, ainsi que de la restauration et la protection des Massifs du Fouta Djallon en Guinée, d’où de nombreux cours d’eau en Afrique de l’Ouest prennent leur source. Le Secrétaire général de l’OMvS prendra à son tour la parole pour présenter de façon détaillée aux panélistes l’histoire institution- nelle de l’Organisation, en particulier le cadre juridique original qui fait sa force et sa particularité. La coordonnatrice du Projet de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PGIRE), Mme Anta Seck, le Directeur géné- ral de la Société de Gestion et d’Exploitation de Diama, M. Tamsir Ndiaye, Le Directeur général de la Société de Gestion de la Navi- gation (SOGENAv), et le Coordonnateur de la cellule OMvS du Sénégal, M. Ababacar Ndao, compléteront chacun selon son do- maine d’intervention, la présentation de l’Or- ganisation. Cette présentation exhaustive de l’histoire institutionnelle, ainsi que des grands projets et programmes de l’Organisation en matière d’infrastructures structurantes, de sécurité alimentaire, de développement à la base des usages à buts multiples, de préservation de l’environnement susciteront un grand in- térêt de la part des panelistes, qui ont ex- primé le souhait que davantage d’acteurs de l’eau dans le monde connaisse l’expérience de l’OMvS. La propriété commune des ouvrages, et les modalités de remboursement des prêts contractés pour leur réalisation, la mise en cohérence des politiques nationales et ré- gionale en matière d’énergie, le processus qui a conduit à opter pour le partage des ressources entre usages et non entre Etats, l’existence d’une ambition d’intégration éco- nomique plus large : ce sont là quelques uns des points d’éclaircissements abordés lors des échanges qui ont suivi. Interrogations auxquelles M. Ndao répondra en expliquant notamment le rôle déterminant de la clé de répartition des coûts et charges, modèle consensuel de partage de bénéfices, ainsi que les principes de la Charte des eaux de fleuve Sénégal, qui organise l’exploitation concertée et rationnelle des ressources en eau selon les usages. Enfin les discussions feront une large part à la notion de sécurité, indissociable de la no- tion de paix. Le Haut-Commissaire fera état de la coopération engagée avec le PNUD pour la réalisation d’une étude sur la sécuri- sation des barrages de l’OMvS, initiative in- dispensable au regard du contexte géopolitique régional, et qui conduit M. Ko- mara à appeler à « l’Hydro- vigilance ». vi- gilance pour mettre les ouvrages à l’abri d’actes malveillants, certes, mais aussi vigi- lance pour des pratiques culturales plus saines et sûres, pour la protection des eaux de surface et des eaux souterraines, pour assurer la résilience du bassin du fleuve Sé- négal aux changements climatiques. Discours de S.E. Macky Sall A la réunion du Conseil de Sécurité des Nations Unies en formule Arria sur le thème « Eau, Paix et Sécurité » qui fonde la pertinence du débat sur l’eau au 21e siècle. Ce débat interpelle tout naturellement le Conseil de Sécurité, responsable au premier chef du mécanisme de sécurité collective des Nations Unies. Il interpelle aussi la conscience universelle, parce que nous sommes tous concernés. En posant le débat ici, selon la formule Arria, le Sénégal a souhaité associer le plus grand nombre de parties prenantes dans toutes leurs diversités, pour replacer la probléma- tique de l’eau au centre de nos priorités. Pour une question d’intérêt commun qui ap- pelle des solutions concertées, chacun, as- surément, a son mot à dire. En posant le problème, nous souhaitons ba- liser le chemin d’une approche holistique, pour une « prophylaxie des tensions » au- tour de l’eau par la concertation et la coopé- ration. Si gouverner c’est prévoir, il serait domma- geable pour la paix mondiale que les déci- deurs laissent une question aussi sensible et potentiellement conflictuelle entre les mains des seuls techniciens. De plus, dans une vision de relations inter- nationales apaisées au 21e siècle, l’usage de l’eau ne peut être réduit à sa seule di- mension socio-économique, à l’exclusion de ses enjeux politico-sécuritaires et environne- mentaux. L’Accord de Paris que nous sommes venus signer nous le rappelle op- portunément. Les défis sont certes immenses ; de même que les raisons d’être inquiet. Mais, les raisons d’espérer le sont tout au- tant ; car, -et c’est une bonne nouvelle- nous n’avançons pas en terrain inconnu dans la gestion concertée des ressources hy- driques. Depuis la fin de la deuxième guerre mon- diale, deux cents traités portant sur une soixantaine de cours d’eaux internationaux ont en effet été conclus. Ce sont là autant d’indicateurs de la volonté des Etats d’ex- ploiter les ressources en eau dans un esprit de partage et de coexistence pacifique. C’est le cas de l’Organisation pour la mise en valeur du Fleuve Sénégal qui regroupe, outre le Sénégal, la Guinée, la Mauritanie et le Mali. L’OMvS dont l’historique remonte à 1934, avec la Mission d’Aménagement du Fleuve Sénégal, est un exemple réussi de partage de la ressource en eau à des fins agricoles et énergétiques. Le Haut-commissaire de l’Organisation vient d’en faire une excellente démonstration. C’est aussi le cas de l’Organisation pour la Mise en valeur du Fleuve Gambie, qui réunit la Gambie, la Guinée, la Guinée Bissau et le Sénégal. Il reste que malgré l’existence de plusieurs cadres de coopération autour des bassins hydrauliques, nombre de situations demeu- rent encore sans encadrement juridique for- mel. En atteste l’absence d’instrument de concertation pour 105 cours d’eau sur plus de 270 fleuves et lacs transfrontaliers dans le monde. Il y a donc des efforts considérables à mener pour un partage d’expérience sur les meilleures pratiques dans le sens d’une gé- néralisation des Accords existants. En tant que dépositaire privilégié des traités internationaux, l’Organisation des Nations Unies et son réseau institutionnel à travers le monde peuvent aider à l’émergence d’une conscience et d’une pratique univer- selles fondées sur l’hydro-diplomatie au ser- vice de la paix et de la sécurité internationales. C’est toute la finalité de l’initiative sénéga- laise. Je vous remercie de votre aimable attention. Le panel Mondial de haut niveau “Eau-paix”s’inspire de l’OMvs « L’OMVS est un exemple réussi… » L’Etat du sénégal a été élu membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu pour un mandat de deux ans : janvier 2016 à décembre 2017. Cette position stra- tégique lui a permis de porter la problématique cruciale de l’eau et de la paix à l’agenda dudit Conseil de sécurité, par la voix du président Macky sall qui assistait à la signature de l’accord de la Conférence internationale sur le climat de paris et au panel de Haut niveau sur l’Eau initié par le secrétaire général de l’OnU. Le président sénégalais a plaidé pour la mise en place d’un fonds mondial pour l’eau (« Fonds Bleu ») destiné à améliorer l’accès à l’eau potable et à garantir la paix grâce à la coo- pération dans la gestion de la ressource. Le président sall s’est appuyé sur l’expérience sénégalaise de gestion concertée avec ses voisins des fleuves sénégal et Gambie pour aider le Conseil à trouver des solutions aux conflits liés à l’eau. nous vous proposons l’intégralité de son discours du 22 avril 2016. LE pREsIdEnT MACKY sALL AUx nATIOns UnIEs Photo : Papa Matar Diop
Made with FlippingBook
RkJQdWJsaXNoZXIy NjY1NDY1