OMVS le journal N° 12 - Octobre 2016

OMVS le journal N°12 - octobre 2016 10 www.omvs.org L e Krankaye est essentiel à l’alimentation en eau potable et à l’irrigation des aménagements du bas Delta à en croire le conseiller agricole Bassirou Ndiaye et M. Mamadou Faye, chef de secteur du bas Delta à la SAED. Ce canal long de 8 km permet aux populations des loca- lités de Ngoméne et Ndellé Ndiaye, entre autres, de dis- poser en permanence d’eau dans leur aménagement destiné à la culture du riz et au maraichage. Il permet sur- tout aux producteurs de se livrer à la double culture avec une nette préférence pour la contre-saison moins aléatoire que celle de l’hivernage, trop dépendante de la pluie. Rien qu’en maraichage, 2.500 ha ont été emblavés pour l’oi- gnon, la tomate, la patate douce, etc. Dans cette zone devenue attractive, on voit s’installer, à côté des producteurs locaux, des sociétés spécialisées dans l’exportation mais également dans l’alimentation du marché local. Les Grands Domaines du Sénégal (GDS), une entreprise agricole française, est venue profiter du potentiel de la ré- gion pour se livrer à la culture d’exportation de tomates cerises. Une activité qui emploie une main d’œuvre locale, surtout féminine, préposée à la cueillette et au traitement des légumes. Des sociétés similaires se sont installées ces dix dernières années un peu partout dans la région et créent au pas- sage des opportunités d’emplois, les populations autoch- tones étant prioritaires pour les postes pour lesquels une compétence locale existe. C’est aussi le cas de Senhuile, une initiative de promoteurs italiens et sénégalais, ou encore de la Société de Culture Légumière (SCL) qui exploite les eaux drainées par le canal du Krankaye. Le centre expérimental de l’Institut Sénégalais de Re- cherches Agricoles (ISRA) se dresse à quelques kilomè- tres au village de Ndiol, ce qui renseigne sur l’importance que les autorités agricoles accordent à cette partie du pays. C’est là où l’ISRA fait des essais pour certaines va- riétés de semences avant de procéder à leur vulgarisa- tion. Le Millenium Challenge Account (MCA) s’est aussi signalé en renforçant la digue longeant le canal pour faciliter le déplacement des populations et l’écoulement des récoltes vers les marchés de l’intérieur du pays. Tout au long du chemin on croise des troupeaux divers d’animaux domestiques ; la zone a une vocation pastorale et les éleveurs ont l’habitude de rallier les berges du fleuve en traversant la route nationale pour abreuver leur bétail. producteur et vice-président de l’Union de ndiaye, Abdoulaye diop salue l’érec- tion du canal de Krankaye, qui leur a en- levé une grosse épine du pied de ses pairs. Il est bien placé pour en parler, lui qui cultive du riz, de l’oignon, de la to- mate et du piment, autant de spécula- tions fréquentes dans la zone du diéry arrosée par le Krankaye. Cependant l’ac- tivité agricole fait face à d’autres défis qu’il faut relever pour atteindre l’objectif d’autosuffisance fixé par l’Etat à brève échéance. Concernant le riz qui semble être la princi- pale culture de la zone, M. Diop possède un champ de 3 ha 57 dont le volume de ré- coltes dépend des rendements. « Parfois nous atteignons les 8 et 9 tonnes à l’ha » , précise-t-il. La contresaison froide qui va de février à juillet est la plus prisée des pro- ducteurs qui emblavent des superficies in- férieures en hivernage. Il faut dire que grâce au canal, l’eau est disponible en per- manence. Il se souvient en effet des périodes de dé- crue marquée par des déficits criards en eau dans la zone et souligne : « si au- jourd’hui cette zone du Lampsar compte, elle le doit à ce canal qui amène l’eau dans le bas delta ». Les canaux secondaires ont donné un coup de fouet certain à l’activité agricole et maraichère dans plusieurs lo- calités, confie-t-l. Tout n’est cependant pas parfait : notre ami déplore les conditionnalités des crédits de campagne, qui ne leur laisse pas beau- coup de marge de manœuvre. Souvent, les agriculteurs subissent des pertes. « Là où le sac revient à 8.500 francs Cfa du fait des intermédiaires, le sac de 50 kg peut at- teindre les 10.250 francs Cfa sur le marché local », indique Abdoulaye Diop. Le stockage de l’oignon est aussi un casse-tête. Tout comme la variation perma- nente des coûts. « Pour avoir un bon prix, il faut stocker le produit au risque de subir des pertes du fait du nombre insuffisant de magasins de stockage », a ajouté le pro- ducteur selon qui les prix au kg peuvent aller de 125 à 200 francs. Les mêmes variations sont notées dans la vente de tomate, la filière la mieux organi- sée mais dominée par une société qui pro- pose un prix dérisoire, selon Abdoulaye Diop. « Nulle part vous ne verrez la cession d’un kg de tomate à 55 francs. Ce qui est le cas dans la Vallée avec notre société partenaire », souligne-t-il plaidant pour une révision à la hausse de ce prix. Un producteur témoigne Un outil pour intensifier et diversifier les cultures La vallée du fleuve Sénégal présente un potentiel irrigable de 240 000 ha (Plan Directeur de la Rive Gauche) sur lequel le Sénégal compte pour réussir son objectif d’autosuffisance en riz. Le bas-delta, avec environ 8000 ha, doit contribuer à cet objectif dont les 60 pour cent sont assignés à la Vallée du Fleuve Sénégal. La réalisation du canal de krankaye, a permis de renforcer l’hydraulicité du marigot Lampsar d’une part, et d’autre part, d’étendre et de créer des aménagements dans les zones ha- bituellement asséchées par la création de nouveaux canaux (projet PDMAS). A côté du riz, se développent des cultures maraichères et également l’élevage, la pêche, et la pisciculture. Les populations ont bénéficié de l’appui du Programme de Gestion Intégré des Ressources en Eaux (PGIRE) de l’Organisation pour la Mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) avec la réalisation de cette importante infrastructure. Sénégal : embellie sur le Krankaye agriCuLture irriguÉe : LeS grandS travauX du pGIRE dOssIER Le canal de Krankaye Coup d’aCCÉLÉrateur à L’agriCuLture danS Le BaS deLta

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