Plaquette : Grand angle - Dossier spécial sur le projet navigation de l'OMVS
OFFSHORE N°3/JUILLET 2020 OFFSHORE N°3/JUILLET 2020 14 15 « LE PROJET NAVIGATION EST LE PLUS GRAND PROJET DU SYSTÈME OMVS » AMADOU DIALLO DIRECTEUR GENERAL DE LA SOCIETE DE GESTION ET D’EXPLOITATION DE LA NAVIGATION SUR LE FLEUVE SENEGAL 4000 Gwh/an) et touristique (parcs na- tionaux de Diawling, de Djoudj, sites histo- riques comme le Fort de Bakel, de Médine, etc…). Cependant, plus de quarante ans après, ce projet n’est toujours pas ef- fectif. Quels sont les facteurs qui ex- pliquent ce retard ? La réalisation du projet Navigation a été entravée par beaucoup d’obstacles par- mi lesquelles on peut citer les contraintes physiques avec la barre de Saint Louis (Langue de Barbarie) empêchant l’accès facile du fleuve aux grands bateaux. Il y Dès sa création en 1972, l’OMVS avait fait de la navigation fluviale une de ses trois priorités, avec l’agriculture et l’énergie. Quelle est la pertinence de ce projet pour les Etats membres ? Le Projet navigation est, tout d’abord, un grand projet de développement écono- mique et social des Etats membres de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Sénégal (OMVS). L’objectif princi- pal du projet vise à instaurer sur le fleuve Sénégal une navigation pérenne sur un tronçon de 905 km, entre Saint-Louis (Sénégal) et Ambidédi (Mali) en vue de désenclaver les villes riveraines et les zones de production agricoles, minières et touristiques encadrant le fleuve Sénégal et ses affluents, partiellement ou tota- lement enclavées et d’exploiter le vaste potentiel des ressources naturelles dont regorge le bassin du fleuve Sénégal. Ce potentiel est à la fois agricole (800 000 ha de terres cultivables dont 375 000 ha facilement irrigables par le fleuve Séné- gal), minier (1,5 milliard de tonnes de fer, 800 millions de tonnes de bauxite, 200 millions de tonnes de phosphate, 100 mil- lions de tonnes de calcaire, 80 millions de tonnes de marbre, de cuivre, de chrome, d’or et d’autres matériaux de construc- tion), énergie hydroélectrique (plus de Le projet navigation de l’OMVS vise à restaurer la vocation de transport fluvial du Sénégal et de mieux la valoriser en l’insérant dans un système intégrant tous les autres modes de transport. Un défi à la fois technique et financier que la Société de gestion et d’exploita- tion de la navigation sur le fleuve Sénégal a la lourde tâche de relever. Dans cet entretien, le Directeur général de la Sogenav, revient, avec force détails, sur ce projet, sur ses impli- cations et sur son état d’avancement. grand angle avait aussi les difficultés d’ordre politique. Les accords signés par les Etats avec cer- taines institutions internationales ont limi- té leur capacité d’endettement. Toujours parmi obstacles, on peut noter les difficultés à trouver des investisseurs prêts à financer le projet, qui a un coût très élevé projet (520,6 millions dollars US) ; des Partenaires Financiers suscep- tibles d’accorder des prêts concessionnels, conformément aux accords signés avec le FMI. Sans compter la concurrence des autres modes de transport et le change- ment climatique. Tous ces facteurs ont contribué au déclin du transport fluvial qui n’a pas bénéficié d’investissement lui per- mettant de soutenir la concurrence avec les modes de transports alternatifs. Cette fois-ci, les choses semblent aller dans le bon sens grâce à l’engagement de ses dirigeants. Quelles seront les retombées attendues pour les pays membres de l’OMVS ? Les pays membres de l’OMVS peuvent s’attendre à de nombreuses retombées. Par exemple, on aura le désenclavement et le développement des villes riveraines du fleuve Sénégal et des zones de pro- ductions agricoles, agro-industrielles, mi- nières et le développement du commerce interurbain et international ; la rentabili- sation des investissements déjà consentis dans les barrages de Manantali et Diama au profit de la navigation. Où en est-on avec la mobilisation des fonds pour le financement de ce pro- jet ? Au regard des difficultés de mobilisation du financement constatées auprès des bailleurs de fonds classiques, le Conseil des Ministres de l’OMVS a adopté, en 2016, « la Résolution N°645 qui engage le Haut-Commissariat et la Société de Ges- tion et d’Exploitation de la Navigation sur le fleuve Sénégal (SOGENAV), à accélérer la mobilisation du financement du Projet Navigation par tous les moyens possibles, en ayant recours aux financements inno- vants et bilatéraux spécifiques pour un démarrage rapide de l’exécution du projet ». En exécution de cette Résolution, l’OMVS a adopté l’option de construction « clé en main avec apport de financement ». Ainsi, après consultation de plusieurs investis- seurs et entreprises qualifiées, le proces- sus de recrutement a abouti à la signature d’un contrat commercial entre l’OMVS et l’Entreprise AFCONS de l’Inde adossée à l’institution financière EXIMBANK de l’In- de, le 11 Octobre 2019 à Dakar (Sénégal). EXIMBANK de l’Inde s’est engagée à fi- nancer le projet pour un coût des travaux de 520 600 000 USD et a transmis aux Etats les conditions générales du crédit (terms sheets) en décembre 2019. Il re- vient, maintenant, aux Etats d’analyser les terms sheets, de faire de nouvelles propositions ou d’accepter les conditions en l’état et de soumettre une requête de financement à EXIMBANK. Actuellement, le Mali a transmis à EXIMBANK Inde, une requête de financement à hauteur de sa contribution dans le cadre du Projet Navi- gation, avec des propositions d’améliora- tion des conditions générales du crédit. La crise sanitaire de la COVID 19 a perturbé les économies et les marchés financiers mondiaux ; elle a influé négativement sur le traitement de ce dossier. Des négocia- tions devront se tenir entre les parties pour redéfinir les modalités de mobilisa- tion du financement. En quoi le port fluviomaritime de Saint-Louis est-il un maillon essentiel du Projet Navigation ? Le Projet Navigation a pour objet d’instal- ler la navigation mixte mer/fleuve. Le port fluviomaritime de Saint-Louis est le seul port international commun aux trois Etats contractants du Projet Navigation (Mali, Mauritanie, Sénégal) qui assure la jonction entre le trafic fluvial et le trafic maritime sans rupture de charge en permettant la navigation mixte mer/fleuve ou cabotage. Les caboteurs peuvent quitter le Port d’Ambidédi (Mali) pour rejoindre directe- ment les ports maritimes existants dans les autres pays de l’OMVS : ports de Ndia- go et de Nouakchott (Mauritanie), port de Dakar (Sénégal) et port de Conakry (Gui- née). Avec rupture de charge, les bateaux fluviaux transportent les marchandises du port d’Ambidédi vers le port de Saint- Louis où elles sont transférées dans des bateaux maritimes vers d’autres horizons et inversement. Grâce au transport de masse des minerais par le port minéralier, le port de Saint- Louis permettra de rentabiliser rapide- ment le Projet Navigation dès que le ton- nage des minerais transportés dépassera 5 millions de tonnes. Rosso - phase 2
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