plaquette : Avenir du bassin du fleuve sénégal : prendre les bonnes décisions dès maintenant
Expulsion des populations de leurs terres La construction des barrages a nécessité le déplacement forcé de 10.000 villageois de la vallée. Les agro-pasteurs Malinké et Peul du Mali ont été expulsés de leurs foyers et de leurs fermes en amont du barrage de Manantali où un lac de 11 millions de mètres cubes s'est formé. Ils ont été réinstallés sur des terres en aval du barrage et dans de nouveaux villages le long des berges rocheuses du lac de retenue. Aujourd'hui, les populations déplacées sont aussi pauvres qu'avant leur expulsion, sinon davantage. Bien que l'effort initial de réinstallation soutenu par l'USAID ait été exemplaire en matière de participation des populations déplacée dans le choix des nouveaux sites, des inquiétudes demeurent par rapport à la capacité de ces terres à s'avérer adéquates pour l'élevage et la jachère, outre les conflits potentiels entre populations déplacées et populations hôtes au sujet de l'accès à la terre. En aval du fleuve, les petits propriétaires ont perdus leurs terres et des conflits fonciers ont éclaté. Des résidents mauritaniens non natifs de la vallée, anticipant d'importants investissements extérieurs dans les périmètres irr igués par pompage sur les plaines inondables, ont réussi à avoir une mainmise sur les terres riveraines en expulsant ces petits propriétaires qui y vivaient, chassant au moins 70.000 personnes vers l'autre rive du fleuve au Sénégal. Ces réfugiés y vivent dans des camps et sous des conditions précaires. Cohésion sociale en souffrance Les relations sociales ne sont jamais immuables. A mesure que le temps passe, il se crée une évolution inévitable des groupes. C'est ce qui s'est passé certainement depuis l'achèvement des barrages. Les groupes ethniques et pays les plus aptes à tirer profit de l'agriculture irriguée et des changements au niveau de la va leur de la terre ne se sont pas privé de le faire. Cette catégorie de personnes a été le grand bénéficiaire des investissements consentis au niveau des barrages. Cependant, si l'on tient compte de l'ensemble que constitue la région, il est difficile de défendre l'idée selon laquelle les barrages ont développé la concorde sociale. Au contraire, à mesure que les capacités productives globales des plaines inondables déclinaient, les relations autrefois cordiales entre les groupes ethniquement distincts des agriculteurs et des éleveurs sont devenues conflictuelles, puisque ces groupes sont désormais obligés d'entrer en concurrence pour accéder à des ressources devenues rares. Dans de nombreux cas, la compétition a dégénéré en conflits violents. Là où la crue avait rendu possible une succession d'activités productives se renforçant mutuellement - pêche, élevage et agriculture -l'absence de crues favorables a fait naître des conflits sociaux qui sont trop rapidement, et de façon erronée, interprétés comme le reflet d 'anciens conflits tribaux. --------------- Prendre les bonnes décisions dès maintenant -------- 9
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