OMVS le journal N°04 Octobre 2008

BALLA CISSOKHO, MAIRE DE SADIOLA De façon infime. Nous avons toujours posé le problème du recrutement des jeunes. Sadiola se plaint du chômage de ses enfants alors que la puissante société est là. On nous oppose invaria– blement la question de la qualifica– tion. Ce sont les machines qui creu– sent. Nous avions réclamé au moins 30% du recrutement pour la localité. Force est de reconnaître que nous sommes loin du compte. Quel est l'impact environnemental ? La société-t-elle emploie les enfants de Sadiola ? La société ne verse pas directement de redevances à la mairie de Sadiola. Elle verse la patente à l'Etat qui à son tour nous reverse une ristourne. La société paie-t-elle à la commune des redevances ? en toute saison: Mais, bien vite, nous nous sommes rendu compte que la quantité de vaccins qu'on nous attri– buait lors des campagnes de vacci– nation ne suffisait pas la plupart du temps à cause d'un mauvais recense– ment. C 'est pourquoi nous avons commis ce recensement en 2006. La commune de Sadiola compte 46 villa– ges et 51 hameaux. Si rien n'est fait. le fleuve Sénégal va peut-être disparaître. Au niveau de Kayes, le cas du bassin de Paparah est préoccupant. La qualité de l'eau ' est douteuse. L'eau ne coule pas tou– jours de manière permanente au villa– ge, la distribution est plutôt «divisée» : d'un côté de Sadiola, l'eau est dispo– nible pendant quelques heures le soir, entre 18 heures et 1 heure du matin, et de l'autre coté, l'eau coule pendant la journée. J'aimerais aussi que le traitement de l' eau soit plus suivi. De façon régulière et plus rigoureuse . Je ne suis pas cependant sans savoir que la Semos reste une société capitaliste qui cher– che à faire du profit avant tout. Jusqu'ici, Monsieur le Maire, vous ne nous avez parlé que des avantages de la présence de la SEMOS et de l'accès à l'eau du fleuve Sénégal. Quels en sont les inconvénients ? à 1iIIIiI~ :...:..:!!~tl--h_._ .._.__...... _ 1 . 1 . • ~ ~ ' . _~ I;!liis1l ~~ ...__ 1l...~;: .. I\.J! «C'est une aubaine de disposer de l'eau d fleuve Sénégal» Balla Cissokho, le maire de la commune rurale de Sadiola, est géogra– phe, enseignant de formation, directeur de l'école de Sadiola. Il est donc tout indiqué pour parler de l'exploitation de l'or dans sa localité ainsi que de la situa ion hydrographique dans la zone. Entretien. I l y a des bornes fontaines un peu partout à Sadlola et pourtant on n'aperçoit pas l'ombre d'un forage dans le village. D'où vient l'eau? C'est la Société d'Exploitation des Mines d'Or de Sadiola, la Semes. qui se trouve chez nous, qui nous alimen– te en eau potable. Elle tire l'eau à par– tir du fleuve Sénégal depuis Diamou, localité située à plus de cinquante km d'ici. Cette eau est d'une importance capitale pour les populations de Sadiola. De 1975 aux années '80, le manque d' ea u était to tal à Sadiola. On passait la nuit au puits pour avoir un seau d'eau. Un mauvais souvenir aujourd'hui car nous avons de l'eau en abondance et de qualité. Pourquoi Sadiola ne dispose-t-elle pas de forages , alors qu'il en existe à Yatéla , la bourgade voisine? Dans le cercle de Kayes, les failles sont discontinues. On peut faire un forage ici et. à 30 mètres plus loin, ne point disposer d 'une goutte, comme c'est le cas à Sadiola. Ici. il faut creuser très profondément pour espérer trouver de l'eau. C'est vraiment une aubaine de pouvoir disposer de l'eau du fleuve Sénégal, pourtant éloigné de notre village de plus de cinquante km. Le point le plus proche de nous étant en effet à Diamou où la Semos a installé son unité de pompage qui lui permet de drainer l'eau jusqu'à Sadiola par des tubes de plus de 60 km de lon– gueur. L'épuisement prochain de la mine est évoqué. Quel sera le sort des popula– tions lorsque la Semos sera partie ? Nous ne sommes pas sans savoir qu'u– ne mine, comme une personne, naît , grandit et meurt. Sa mort, si elle n'est pas préparée, pose généralement beaucoup de problèmes. Dans ce cas précis , il s'agit de la fermeture de la mine. Les populations n'ont pas encore, à mon sens, jusqu'ici tiré le maximum de profit de la présence de l'unité industrielle. Je ne suis pas cer– tain que l'Etat malien soit en mesure de ravitailler en eau Sadiola et Farba– kouta, comme c'est le cas avec la Semos maintenant depuis Diamou. L'investissement coûte trop cher pour les maigres budgets de nos mairies. Quel est le nombre d'habitants à Sadio– la ? Existe-t-i1 des statistiques officielles à ce sujet ? Par ailleurs, Sadiola polari– se combien de villages ? La population minière obéissant aux flux et reflux, il difficile d'avoir des sta– tistiques fiables de la démographie locale. Les gens viennent et partent. Tantôt vers le plateau de Diankouté, tantôt vers Kéniéba. Le dernier recen– sement commis par la Commune en 2006, donne une population de 10.000 habitants pour Sadiola village . Les chiffres officiels nous donnaient une population d 'environ 4.000 personnes La SEMOS a un département qui s'oc– cupe de l'environnement. Il a eu la certification Iso qui récompense dit-on les sociétés qui investissent dans la protection de l'environnement. Obte– nir la certification, c'est bien, mais la conserver, c'est encore mieux. L'eau utilisée en effet par l'usine entraîne en effet des risques réels de pollution, notamment de la nappe phréatique et des cours d'eau avoisinants par infiltra tion, suintement. drainage, débordement. Tout dernièrement. ils ont déversé toute l'eau salée dans la carrière principale . La mairie soutenue par les services techniques basés à Kayes s'y est opposée. Lesrisques prin– cipaux sont liés par ailleurs à l'utilisa– tion du cyanure dans le traitement de l' or et à la présence de métaux lourds dans le minerai. L'un des soucis princi– paux non résolus concerne le problè– me de 1'«Acid Mining Drainage» (Amd) , qui risque de contaminer les nappes phréatiques à long terme, même après la fermeture de la mine. Propos recueillis par Madior FALL

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