OMVS Le Journal N°03 Septembre 2007

Diama, la bataille de l'eau douce Le lac de Guiers a sauvé Dakar de la soif V\ QJ 0'\ ro 01-1 L- o O,. r--- - - QJ tx: Embellie en rive droite ch iffre d 'affaires de cinq milliards et demi. D'autres spéculations horticoles sont cultivées dans la zone. Mais les pressions sur la ressource se sont particulièrement accrues ces derniers temps avec un nombre tou– jours plus important d 'usagers. La dégradation a suivi elle aussi la courbe imprimée par les mu ltiples usages (eau potable et irrigation). L'érosion et la salinisation des sols, le développement des plantes aqua- L e Lac de Guiers est une « manne du c lel». C'est Gora Ndiaye de la DGPRE (Direction de la Gestion et de la Planification des Ressources en Eau) qui s'exprime ainsi. C'est le constat du technic ien mais aussi celui de l'en– fant du terroir. La vie, dans cette par– tie du Sénégal, est étroitement liée au lac . La zone qui reçoit moins de 300 mm de pluie par an est la région la moins arrosée du pays ma is grâce à la sécurisation des eaux du lac à travers les infrastructures de l'Omvs. l'agriculture et la pêche sont pra– tiquées à grande échelle. De plus, l'essentiel de l'eau consom– mée dans la capitale sénégalaise provient d 'ici. La première usine de c aptage des eaux pour alimenter Dakar a été construite en 1968. Une nouve lle usine d'une capacité de 60 000 mètres cu bes par jour vien t d 'être implantée à Keur Momar Sarr. Ce vol– ume devra être doublé. L'avancée du biseau salé à Dakar, la baisse des pluies qui ne favorise plus la recharge des nappes ainsi que la po llution humaine qu i a ffecte celles-ci. ont conduit les au torités sénégalaises à renforcer l'opti on de pré lever l'eau po table à partir du lac de Guiers. Un pré lèvement sur des ressources renouvelables car le lac est régulière– ment alimenté par le fleuve à partir de la Taouey qu i passe à Richard Toll. Car il faut quand même le rappe ler, au début des années 90. le déficit de l'alim enta tion en eau de Dakar atteignait 100 000 m3/ jour. La réali– sati on du Projet Sectoriel Eau (PSE) et du Projet Eau Long Terme (PLT) a per– mis de résorber ce déficit en aug– mentant les prélè vements sur le lac de Guiers (actuell ement, environ 120000 m3/jour) . UN TRÉSOR EN PÉRIL? Gora Ndiaye se souvient de ses années de jeunesse. Le régime du lac consistait en une alternance des hautes eau x pendant l'hivernage et des basses eaux pe ndant la longue saison sèche avec des variations très import a ntes. La remontée de la langue salée constituait une menace supplémentaire. définitivement vain– cue par le barrage de Diama. L'existence de bonnes terres et la dispon ibilité de l'eau ont suscité un développement fulgurant des activ– ités agricoles. La zone du lac est dev– enue la zone de prédilection de la patate douce. Près de 1250 person– nes s'activent dans le secteur. Pour la campagne qui s'achève, 1500 hectares ont été emblavés avec une production de 45 000 tonnes et un L e périmètre irrigué de Tounguène se trouve à 5 kilo– mètres de Rosso. A l'instar de ce qui se fait de l'autre côté, en rive gauche, en Mauritanie aussi la volonté d 'exploiter les terres de la vallée est man ifeste. Près de 80% de la production agricole de la Mauritanie provient de la vallée qui constitue le grenier du pays. 7000 hectares amé– nagés sont déjà disponibles dans cette zone. C'est vrai que la modicité des moyens ne permet pas toujours de concré– tiser la volonté affichée par les autorités. A Tounguène les partenaires au développement sont venus à la rescousse. renforçant ainsi les efforts appréciables fournis par l'Etat mauritanien. 80 ha ont pu être aménagés par la Sonader pour les habitants de la localité. Les producteurs parlent de réhabilitation car au début des années 80 ils avaient réalisé un aménagement sommaire sur le site avec lesmoyens du bord. Munisde leurs pelles, ils étaient descendus surle terrain et à la sueurde leur front avaient réussi à tirer l'eau du fleuve et à faire pousser le riz. En 2000, soixante quinze millions d 'ouguiya ont été investis pour moderniserle périmètre et le rendre plus opérationnel. Il est aujourd'hui exploité par 86 producteurs représentant autant de familles. La valorisation du périmètre est cepen– dant loin d 'être optimale. Les producteurs de Tounguène n'arrivent pas encore à conduire deux campagnes dans l'année alors qu 'il en faut trois pou r amortir lescoûts d'amé– nagement et assurer les frais d 'entretien. C'est le manque de moyens de production qui est incrim– iné. Lemanque de matériel agricole et la cherté des intrants s'avèrent être un obstacle de taille à l'intensification tant souhaitée par les techniciens. Pour enchaîner les campagnes, il faut des engins pour le travail du sol, des semences à temps et des engrais pour assurer de bons rendements. Cela suppose une organisa– tion des producteurs et des financements pour la produc- tiques et le rejet de substances tox– iques font craindre pour l'avenir du lac. La création d 'un Office chargé de la gestion du Lac de Guiers courant 2008, couplée au Schéma directeur d 'aménagement de la zone du Lac de Guiers proposé par la SAED devrait permettre d 'optimiser le potentiel tout en préservant durabl e– ment ce lac si stratégique. tion et la commercialisation. Comme la majorité des pro– ducteurs. les exploitan ts du périmètre de Tounguène se plaignent. Pressés de vendre leur riz après les récoltes pour subvenir à leurs besoins. ils sont pris à la gorge par les com– merçants qui imposent leurs prix. Ma lgré ces difficultés. les producteurs n'ont pas perdu le sourire. Ils ont conscience des investissements de l'Omvsqui leur permettent de disposer d 'une eau abondante et de qualité et qui font de leur terroir la vallée de tous lesespoirs. ()MV~

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