OMVS Le Journal N°03 Septembre 2007
Diama, la bataille de l'eau douce La va liée de tous les espoi rs L'implantation des deux barrages à Diama et à Manantali a changé radi– calement la donne au niveau CI e la vallée et du delta du fleuve S-énégal. Les progrès engrangés au cours des vingt dernières années sont visibles. Preuve que les populat ions ont su tirer profit des opportunités qui leur ont été offertes, l'habitat rural a complètement changé. Les maisons en dur se sont substituées aux cases en banco revêtues de toit de chaume. Côté rive gauche, parallèlement à l'aménagement de périmètres, la Saed a procédé à l'électrification de presque tous les villages qui se trouvent aux abords du f leuve. La disponibilité de l'eau pendant toute l'année a suscité une petite révo– lut ion. Désormais les producteurs travaillent toute l'année et créent des richesses de manière continue. Contra irement aux autres localités de nos campagnes qui se vident de leurs populations, ici nous remarquons le phénomène inverse. Non seulement lesj eunes, qui constituent les forces vives, restent, mais en plus nous assistons en permanence à l'arrivée d'«étrangers» intéressés par la production ou qui proposent leurs servic– es. Dans des localités comme Ronkh, le transfert des récoltes des zones de production aux usines ou aux zones de commercialisation est assuré par des charretiers qui viennent de Saint Louis, Louga ou Diourbel. Ailleurs, la campagne se meurt, ici, elle revit bien qu'on soit loin d'exploiter les énormes potentialités offertes par la construction des barrages et qui pourra ient faire de la Vallée un vér itable grenier. Thilène, success story C omme tou s les villages du wolo. Thilène petite bour– gade de quelques c entaines d 'âmes, à une cinquantaine de kilo– mètres au nord de St Louis, vivait au rythme des caprices du fleuve. Avan t la c onstruc tion des barrages, les popula tions attendaient avec impati ence l'arrivée des crues pour cul tiver. Au sortir de la longue saison sèch e qui s'é tendait d 'octobre à \ ./ ''-' ,' , juin , le Lampsar, déf luent du fleuve Sénéga l qu i longe le village, se rédui– sait en un mince filet d'eau. L'enjamber pour se retrouver de l'autre côté devenait un jeu d 'en– fants . Cette réduction du volume des eaux était synonyme de galère pour les thilénois, les femmes en par– ticulier car ce sont elles qui en souf– fraient le p lus. Il fall ait des c amions citernes pour aller chercher de l'eau potable à p lusieurs kilomètres de là , afin d 'étancher la soif des popula– tions. Les moins jeunes se souvien – nent. comme si c 'était encore hier, que l'accès à l'eau potable consti – tuait la première préoccupation des popula tions du delta du fleu ve Sénégal. A Rosso Sénégal par exem– ple, certains traversaient pour aller acheter, côté mauritanien, des fûts d'eau à cinq cents francs l' unité. Une vraie fortune à l'époque. La remontée de la la ngue salée jusqu'aux environs de Podor assoif– fait les personnes et empêchait tout développement de l' agriculture. Cette situation qu i a prévalu jusqu 'à l'avènement de Manantali et du barrage de Diama constitue presque une légende aux yeux des adolescents de Thilène . Mambaye Diop, la cinquanta ine b ien sonnée, vice président de la section agricole du village, a connu les deux péri – odes . Il souhaite certes encore plus de progrès mais il est parfaitement conscient des avancées obtenues. Comme beaucoup de rurau x, il a été très tôt succombé au mirage de la ville. Fuyant l'oisiveté et le manque de perspectives, il ira s'in– staller à St Louis où il exe rcera pen– dant de longues années le métier de tailleur. La construction des barrages e t l'aménagement d'un périmètre irrigué par la SAED dansson village le ramèneront définitivemen t dans son terroir. Père de sept enfants dont cer– ta ins vont à l' éc ole, Mambaye sou– tient qu 'il n 'a rien à env ier a ux c itadins. Bien au contraire. Il a con– struit sa maison, sans passer par la banque, en disposant d 'un minimum de confort avec l'électricité, la télévision et le frigidaire et en plus, ajoute-t-il, il produit le riz et les légumes que sa famille consomme. ('EST LA VOLONTÉ QUI MANQUE LE MOINS En 1981, la SAED a procédé à l' amé– nagement de 105 ha à Thilène. Le périmètre a été réhabilité dix ans plus tard ave c 22 ha supplémen– taires. Avec l' appui des techniciens de la société d 'encadrement, les produc– teurs de la loca lité font deux à trois campagnes dans l'année. Les ren– dements de la culture du riz varient entre ci nq et six tonnes démontrant la maîtrise des producteurs après une vingtaine d 'années de pratique. L'intérêt suscité par les activités agri – coles pose cependant une nouvelle problématique: l'accès à la terre. En effet les demandes de terre , partic– ulièrement celles provenant des jeunes , dépassent de loin les par– celles d isponibles, du fa it de la petitesse du périmètre combinée à la croissance démographique. Pour contourner l'obstacle, les villageois ont décidé d'aménager eux– mêmes, là où c 'est le moins difficile. Sur les sols dior du Dieri. Ils ont con– struit, sur fonds propres, un canal et tiré l' eau sur tro is kilomè tres. L'investissement consenti est évalué à 50 millions. 100 ha ont pu être ainsi valorisés sur les 300 octroyés par la communauté rurale et qu i ont fait l'objet de délibération . Lors de notre visite , Baye Djibi Sarr, commerçant de légumes au marché Castors de Dakar, était sur les lieux, collectant les derniers gombos, fruits de la récolte de la campagne de l'inter– saison froide. Les agriculteurs de la vallée découvrent petit à petit les vertus de la diversification agricole en s'orientant vers les cultures horti– coles qu i ont des rendements très élevés et des prix trèsrémunérateurs. La vallée est devenue d'ailleurs la première zone de production de tomate fraîche e t d 'oignon loi n devant les Niayes. L'arachide de contre saison a trouvé ici également sa zone de prédilection . Contrairement à ce qui se passe dans la région centre du Sénégal où la commercialisation de l' arachide pose énormément de difficultés, dans la vallée les rendements sont non seulement importants mais le prix à la vente est très intéressant. Par fois jusqu'à 400 francs le kilo. Chose impensa ble il y a quelques années, aujourd ' hu i. la fane d 'arachide quitte le Walo pour le bassin arachidier. Pour exploiter de manière optima le les opportunités offertes par les bar– rages, les superficies aménagées doivent ê tre augmentées et les agricu lteurs doivent pouvoir mener p lusieurs campagnes dans l'année . Ce la suppose une grande maîtrise technique et des financements adéquats pour la production et surtout la commercialisation . Mambaye Diop et ses collègues en sont conscients : payer la rede– vance est un devoir. Mais selon eux, pour augmenter l' assiette il fa ut qu 'un plus grand nombre de bénéfi– ciaires paye. Malheureusement, les performanc– es de Thilène sont menacées par le développement des végétaux aqua tiques envahissants. Le Lampsar qui alimen te le périmètre de Thilène est très affecté. Comme d 'autres sites de la vallée, Thilène devrait bé néficier des fonds spécifiques misen p lace par la SAED pour la maintenance des périmètres irrigués et le renouvellements des équipements.
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