OMVS Le Journal N°2 Janvier 2007

DOSSIER MANANTALI Saloum Cissé, Directeur Général de la Sogem «NOUS allons favoriser l'interconnexion sous-régionale et l'électrification rurale» L'ingénieur qui préside aux destinées de la Société de gestion et d'exploitation de l'énergie de Manantali (Sogem) est un homme communicatif et visiblement passionné par son métier et sa structure. A la tête d'une équipe de cadres de haut niveau, il exécute avec brio les décisions poli– tiques prises par l'Omvs. Ainsi, nous apprend-il dans cet entretien accordé au sortir de son Conseil d'administration le 09 décembre dernier, «I'Omvs, la Sogem par conséquent, va favoriser l'inter– connexion sous-régionale et intensifier sa politique d'électrification rurale dans les pays mem– bres». n révèle également que plusieurs solutions à court terme sont envisagées en rapport avec les Etats membres pour résorber le déficit énergétique noté dans chacun des pays de l'Omvs. Voulez-vous nous faire l'économie des décisions de votre Conseil d'Administration qui vient de s'achever? I l s'agissait d'une session budgétaire. Le Conseil d'Administration s'est donc réuni pour examiner et autoriser le budget de la Sogem, aussi bien celui de fonctionnement que celui d'investissement pour l'année 2007. Permettez-moi d'insister sur le budg– et d'investissement qui concerne les grands travaux que la Sogem a projetés, parmi lesquels l'électrification rurale dans le bassin du fleuve Sénégal, singulièrement desvillages situés le long du fleuve et le bitu– mage de la route entre Manantali et Mahina. Comme vous le savez, de 1982 à 2002, période de construction du barrage de Manantali, de la centrale et les lignes de transports électriques en 225 kv des sys– tèmes Est en direction de Bamako et Ouest en direction de Nouakchott et Dakar, les populations riveraines de ces installations du Projet Energie, des milliers de personnes ont été déplacées de leurs lieux traditionnels vers d'autres sites. On a, certes, cherché à les reloger en respectant au mieux leur cadre de vie traditionnel, mais elles ont tardé à bénéficier, quelque peu, des avan– tages de l'électricité. Maintenant que les ouvrages sont là et que les réseaux élec– triques qui relient Bamako, Nouakchott et Dakar passant par les zones rurales des pays concernés fonctionnent bien, les Autorités de l'Omvs ont décidé de faire bénéficier aux populations rurales, les retombées de cesréalisations. C'est dans ce cadre, que la Sogem a entre– pris l'électrification des villages de Bafoulabé et Mahina au Mali, de Bakel au Sénégal, de Gouraye et de Sélibaby en Mauritanie sans oublier les renforcements de puissance ou d'extension de postes de transformateurs à Manantali, Sakai, Bakel et à Sélibaby. La Sogem, en accord avec les pays de l'Omvs va poursuivre l'électrification des localités situées le long des lignes haute ten– sion. A combien s'élèvent les Investissements ainsi proJetés ? Les investissements projetés sont impor– tants. Ils seront financés, d'une part, sur les fonds propres de Sogem à hauteur de 19 milliards de francs Cfa au total en 2007 et, d'autre part, par les ressources provenant des partenaires extérieurs de l'Omvs. Les investissements extérieurs seront réservés au financement des prochaines infrastruc– tures structurantes comme les centrales de Félou et Gouina destinées à renforcer la puissance de la centrale de Manantali en la portant de 200 Mw actuellement à 400 Mw. Avec l'appui de Monsieur le Haut Commissaire de l'Omvs le financement de la Centrale de Félouest réuni à hauteur de 115 millions de dollars Us (60 milliards de francs Cfaenviron) par la contribution de la Banque mondiale et la Bei, celui de Gouinava suivre pour permettre la mise en service de ces deux centrales, l'une à la suite de l'autre. Félou est prévu pour quand? Nous sommes en phase d'appel d'offres de pré-qualification qui sera suivie de celle de la qualification pour l'étude d'exécution détaillée et de construction. La date de mise en service prévue est 2011. Tout doit être entrepris pour respecter cette date pour plusieurs raisons dont notamment le souci d'éviter d'aggraver le déficit prévisionnel de la production d'électricité dans l'espace Omvs. Ce déficit qui est aujourd'hui de 60 Mw, pourrait atteindre 200 Mw à l'horizon 2010. Etil faudra bien le couvrir en attendant la réalisation de Felou. Déjà notre constat est qu'en 2007, la pro– duction prévisionnelle de Manantali ne dépassera pas les 600 Gwh (contre une moyenne annuellede 800 Gwh)du fait d'une saison des pluies particulièrement sèche en 2006. Toutefois, avec l'éclairage du Haut Commissaire, nous avons entrepris la recherche de solutions communes et retenu trois directions principales en rapport avec les Sociétés d'Electricité (Sde) des pays de l'Omvs. D'abord, poursuivre la location des groupes électrogènes privés de Aggreko qui fournis– saient de l'énergie à la Sénélec; cesgroupes d'une puissance de 40 Mw dont le contrat avec la Sénélecest arrivé à terme. LaSogem va sesubstituer à cette Sociétédans la loca– tion de cette puissancepour assurer la four– niture du complément d'énergie aux trois Sde de l'Omvs (Edm.-Sa, Mali, Somelec, Mauritanie, Sénélec, Sénégal). Cette solu– tion aura l'avantagede soulager les popula– tions de quelques heures du désagrément des coupures prolongées d'électricité con- statéesdepuisMars 2006 dans certains pays del'Omvs. Ensuite, la deuxièmedirection retenue est de trouver des centrales à barge ou au sol, d'une puissance de 60 à 120 Mw pouvant être installées au Sénégal ou en Mauritanie, compte tenu de la proximité de la mer. Ces centrales fonctionnant au fuel lourd, leur emploi pourrait conduire à descoûtsde pro– duction du Kwh beaucoup plus faible par rapport à la solution précédente. Enfin, la troisième solution est d'accélérer avant 2009 l'interconnexion Mali - Cote d'Ivoire et Mali - Burkina-Faso - Ghana. Cettesolution est prévue déjà dans le cadre du Nepad qui opte pour le renforcement des infrastructures énergétiques sous– régionales, notamment la mise en commun des centrales et des réseaux électriques sous-régionaux pour satisfaire la demande en énergie électrique des pays de la sous région ouest africaine. Est-ce les seuls projets envisagés CI court terme? Au compte de la Sogem oui, d'ici à 2011 et 2012 : le programme décliné d'ici à cette période est assez ambitieux. Il va s'ajouter aux programmes nationaux des Etats pour élever plus encore le taux d'électrification de l'Omvs. Au-delà de ce programme, Sogem va con– duire desétudes relatives à la détermination de la capacité réelle de transit des réseaux de transport existants des systèmes Est et Ouest et leur extension vers d'autres villes duMali, de la Mauritanie et du Sénégal.C'est dans cette optique qu'il sera envisagé aussi, l'interconnexion avec la Guinée grOce à la réalisation de la Centrale de Gouina.Compte tenu de l'arrivée de ce dernier pays dans l'Omvs, l'Organisation possède un potentiel hydroélectrique substantiel qu'il faudra val– oriser au plus vite. Certes, les problèmes environnementaux sont aigus aujourd'hui et les bailleurs sont souvent réticents à financer les grands pro– jets hydroélectriques sans imposer, au préalable des conditionnalités liées à l'é– cologie. Mais il y a lieu d'être optimiste car les partenaires au développement sont con– scients que l'Afrique a besoin d'infrastruc– tures structurantes. Il faut exploiter vite les ressources hydroélectriques naturelles pour accélérer le développement de l'Afrique. A peine 5%de ces ressources sont exploitées. Quelles sont les retombées de Manantall pour les populations envi– ronnantes? Le barrage a transformé l'ordinaire de ces populations. Levillage deManantali est déjà électrifié. Il croît assezfortement en popula– tion. Avec l'apparition dans ce village d'une masse monétaire substantielle constituée par le salaire des travailleurs du barrage, toute une économie à la base est en train de s'organiser. Desécoles, des postes de santé et des for– ages ont été construits au bénéfice des pop– ulations. Il revient aux populations de saisir cette opportunité avec l'appui et l'en– cadrement desAutorités pour tirer bénéfice, au mieux des retombées du barrage. Par ailleurs, la Sogem a entrepris la recherche de financement auprès de la Boad pour le bitumage de la route entre Manantali et Mahina pour désenclaver la zone du bar– rage. Par ailleurs, le Festival de l'eau de Manantali, lancé en 2006 avec l'aide de la Diaspora et sous l'égide du Ministère chargé de la Culture du Mali, devrait avoir des retombées touristiques et économiques. L'édition 2007 est prévue pour février 2007. Toutcela pour dire que le barrage a introduit des changements positifs indéniables, dont les retombées profitent en premier aux pop– ulations. Propos recueillis par Madlor FALL OMVS LE JOURNAL EST UNE PUBLICATION DU HAUT COMMISSARIAT DE L10MVS Directeur de publication MohamedS. O. Merzoug Coordination: Amayelle Ka Rédaction: OMVS Conseiller 0 la rédaction Pape Moctar Sylla Secrétariat de Rédaction, impression Forte Impression Crédit photos: OMVS Contact: Service de la communica– tion Tél. : (221) 823 00 66/842 93 19 e-mail : babacar.d /agne@omvs.org ; amayelle. ka@omvs.org -------------

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