OMVS Le Journal N°2 Janvier 2007
DOSSIER MANANTALI Trois questions à Monsieur le Haut Commissaire de l'Omvs «Les ardoises des sociétés d 'élec tric ité peuvent compromettre les financements ultérieurs» Monsi eur l e Haut-Commi ssaire, quelle est la situa tion énergétique dans l es quatre Et ats-membres de l'Omv s et quel est l e r Ole de v o t re OrQanlsatlon dans ce domaine ? L a situation énergétique, ou plus pré– cisément celle du secteur de l'électric– ité dans les Etats-membres de l'Omvs, est caractérisée, aujourd'hui, par un déficit de l'offre par rapport à une demande qui croit à une très forte magnitude. Eneffet, les capacités de production installées sont largement insuffisantes sous leurs deux versants hydroélectrique et thermique. Ceci a pour conséquence directe les délestages variables d'un pays à l'autre. les raisons des difficultés actuelles multi– ples, découlent, à mon sens, de l'envolée des coûts des produits pétroliers, de l'accès difficile voir impossible aux financements à des taux concessionnels et à l'échec reten– tissant des privatisations de nos sociétés d'électricité. la situation actuelle, d'une nature structurelle, devrait persister, si des mesures urgentes et vigoureuses ne sont pas prises, jusqu'en 2010-201 1, dates programmées pour l'entrée en service des ouvrages de seconde génération de l'Omvs, que sont les Centra les hydroélec– triques de Félou et de Gouina et des inter– connections des réseaux électriques inter– états en Afrique de l'ouest, à travers le pro– gramme du Wapp (West African Powe r Pool). A cet effet, notre Organisation, l'Omvs, en vertu de la solidarité entre ses Etats-mem– bres qu i a touj ours été le socle de ses actions, participe de façon active à trouver les solutions appropriées pour pallier ces difficultés. Face à cette situation, l'Omvs agit à deux échelles temporelles. Pour les moyen et long termes, notre choix stratégique est de bâtir une capacité de production hydroélectrique forte assortie d'une plateforme de réseau le mieux mail– lé possible . Cette option est bien balisée grâce à la réalisation programmée de nos aménagements structurants. A court terme, il s'agit de répondre à l'ur– gence en install ant une puissance ther– mique de 40 Mwsur le site de la Centrale du Cap des biches à Dakar dès janvier 200 7. Une centrale de même puissance est pro– grammée avant fin février à Nouakchott. le choix de ces deux capitales répond à des considérations d'ordre économique et de stabilité des réseaux électriques. la Sogem s'attelle, en relation avec l'ensemble des acteurs du secteur, à la concrétisation de ces actions d'urgence. A cet effet, il est important de saluer, ici, les efforts fin anciers sensibles que les Etats s'apprêtent à consentir, environ 8 milliards de fran csCfa, pour permettre, en plus de la production deManantali, de réduire à court terme de manière significative et même de combler, dans certains cas, le déficit de production dans trois des quatre Etats– membre s, déjà connectés au Réseau Interconnecté de l'Omvs. Parallè lement à ces actions, l'Omvs s'est fixé comme objectif majeur de mener à terme un vaste programme d'électrifica– tion rurale dans les Etats-membres. Il a déjà permis l'électrification de plusieurs localités pour un montant d'environ 20 mil– liards de francs Cfa, financés par l'Organisation sur fonds propres. Comme vous pouvez le deviner, le domaine de la production électrique requi ert une planification des investisse– ments sur le long terme, à l'échelle de 10 à 15 ans et plus. C'est la démarche que nous privilégions à l'Omvs, à travers la réalisa– tion des ouvrages hydroélectriques et les interconnexions dont j'ai parlé supra . Il faut y ajouter toutes les possibilités offertes par la mise en synergie de nos propres pro– grammes avec ceux d'organismes sous– régionaux comme l'Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie et d'autres. la mise en commun des ressources et la programmation des investissements sur le long terme demeurent la clé de notre succès dans ce domaine. C'est ma conviction. Enfin, je souhaite ici adresser mes vifs remerciements aux partenaires au développement qui partagent notre vision dans ce domaine et nous y accompagnent avec efficacité et générosité. Comment se passe la répartition de la production hydroélectrique entre les Etats? Celle-ci se fait sur la base d'une clé découlant elle-même des coûts et charges supportés ainsi que des bénéfices tirés par chaque Etat pour l'aménagement con– cerné. Cet outil complexe est le fruit d'une grande solidarité mutuelle entre les Etats concernés. J'ajoute que cette répartition s'est toujours effectuée dans un esprit de consensus et conformément au mode de gouvernance de notre pacte de solidarité piloté grâce à la sagesse de nos Chefs d'Etats. Deux questions reviennent régulièrement dans les débats: l'en– tretien des aménagements qui sont vieillissants et le paiement des arriérés des sociétés d'électricité à la Sogem. Quelles sont d'une manière générale les difficultés de l'Organisation dans ce secteur d'activité? Il faut distinguer, ici, d'une part, les amé– nagements hydrauliques proprement dits de Diama et de Manantali, achevés respec– tivement en 1986 et 1988, et sur lesquels il a été constaté quelques signes de dégrada– tions mineures pour lesquelles les mesures ont d'ailleurs été prises. Jepuis vous assur– er que les ouvrages cités se portent bien et que les maintenances y sont correctement effectuées. De même les installations de production et de transport d'énergie élec– trique, c'est à dire la Centrale de Manantali et les lignes de transport haute tension sont pratiquement neuves et leur exploitation ne souffre d'aucun problème important. les questions de maintenance évoquées concernent en fait les ouvrages connexes à Manantali, telles que les cités de logement et les routes internes dans les mêmes cités. Desefforts restent à faire dans ce cadre. les instructions idoines ont été données à l'Opérateur sud-africain qui exploite les installations à Manantali. Vous avez touché du doigt l'aspect de la question qui nous pose aujourd'hui le plus de souci. J'ai nommé le niveau des arriérés de paiement à la Sogem des sociétés d'électricité des trois pays-membres actuellement concernés. le montant cumulé atteignait, à la date du 31 octobre 2006, la somme de 20 milliards de francs Cfa. Cettesituation est d'autant plus difficile à admettre qu'elle va, en plus de mettre à terme la Sogem en cessation de paiement, annihiler tous les efforts des Etats dans le secteur. Pire, et j'insiste sur ce point, elle risque de mettre en cause les conventions de financement signés avec les Partenaires pour la réalisation des ouvrages de sec– onde génération. Face à cette situation, les plus hautes autoritéS de l'Organisation, saisies par nous-même, ont donné les instructions qu'il faut afin de résoudre cette question.
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