OMVS Le Journal N°2 Janvier 2007

En partenariat avec Sud Communication DOSSIER MANANTALI Mananta li, première pierre d'un marché ouest-africa in de l'énergie Vivre aujourd'hui à Manantali Centrale qui contribu e à résorber le déficit d'énergie des pays de l'Omvs. Mais l'immense avan tage deManantali, c'est qu'il a réussi à inter– connecter les trois pays. Cette interconnexion, qui va s'étendre bientôt à la République de Guinée, gomme en effet les frontières et ouvre des opportunités quasi illimitées. Elle pose les prémices d'un réseau sous-régional par lequel, dans une décennie, Dakar, Abidjan, et même Abuja seront reliés. C'est un embryon de marché de l'énergie qui s'est constitué et qui ira se renforçant. Déjà, loin des soubresauts de la vie politique, les techniciens des sociétésnationales d'électricité, se concertent, coordonnent, har– monisent, jour après jour, semaine après semaine,et pour tout dire, pratiquent une gestion transfrontalière, rationnelle et sol– idaire de l'énergie disponible (voir encadré Senelec). Une raison supplémentaire, sans doute, pour que le Mali, la Mauritanie et le Sénégal épongent dans les meilleurs délais les quelque 20 milliards d'arriérés dans les comptes de la Sogem... A.H leur quotidien grOce au barrage, ils n'en regrettent pas moins de ne pas trop tirer profit des avantages comparativement à Manantali par exemple. «Avant l'installa– tion du barrage, il n'existait qu'un seul cen– tre de santé. 1\ y avait trois écoles ici à Bamaflé, à Solo et à Kéniéba à plusieurs km à la ronde . Après la construction du barrage, les centres de santé sesont multi– pliés. Un hôpital, une maternité ont été construits. Les populations en sont heureuses », assure le 3ème adjoint du maire à qui l'assistance demande de traduire aussi bien nos questions que les réponses qu'il fournit. A la question de savoir pourquoi ne tirent-ils pas suffisam– ment profit du barrage? Karfala Dembélé, le chef de village invoque le manque d'en– cadrement et de formation. Nelui faites pas remarquer que cultiver des plans de salades pour approvisionner les habitants de la cité des cadres de Manantali ne demandait pas beaucoup de qualification. 1\ reste accroché à sa réponse. Dansle reg– istre des doléances non satisfaites, la non électrification du village, chef lieu d'ar– rondissement qui polarise 23 autres local– ités, précise-HI. Unprojet d'électrification rurale à partir de Manantali est en court, nous apprend-on cependant à Bamako. Lespopulations deBamaflé devront seule– ment prendre leur mal en patience. A Mahina, 20 Km plus loin comme à Bafoulabé, le «jus» de Manantali a tout simplement apporté la modernité. MadiorFaIl des routes de désenclavement». Manantali qui a vu sa population semulti – plier de façon exponentielle avec l'arrivée d'étrangers p êcheurs, éleveurs et com– merçants qui tirent profit de la retenue et de la régulation du Fleuve est totalement électrifiée. Chaque concession est éclairée . «C'est une décision politique des chefs d'Etats, membres», précise Abdou Diémé. FakouGuèyeCissokhode renchérir: «tous les natifs du village sont employés par le barrage. 1\ est vrai que ce sont des emplois subalternes, mais c'est en rapport avec la qualification des gens. Aujourd'hui que nous avons desécoles, nous pouvons nous attendre à voir nos enfants mieux formés occuper des places plus importantes à la fin de leurs études. Avant le barrage, jusqu'en 1984, nous étions confrontés à de récurrentes maladies hydriques. Avec les postes de santé et les dispensaires con– struits, les fontaines d'eau potable, il y en a de moins en moins. Avec la multiplication des écoles, les enfants ne sont plus obligés de faire de Km pour apprendre. Les femmes sont plus suivies et leurs travaux ont été très allégés». A Bamaflé, sur la route de Mahina, quelques km plus loin, on est cependant moins euphorique. Là, si le 3ème adjoint du maire Saga Sanokho, le secrétaire général, Karfala Dembélé, chef de village, Fadjala Dembélé premier conseiller de Bamaflé etMme SakhoRokhaya Dembélé, secrétaire particulière du sous-préfet, absent à notre passage, sont unanimes pour reconnaître certains apports dans La construction du barrage a nécessité le déplacement de 22 villages en amont de la zone de retenue. Desmilliers de personnes étaient ainsi concernées. Pour atténuer l'agression à l'encontre des modes de vie, traditions, uset coutumes, les habitants ont été relogés et les villages déplacés recon– stitués jusqu'aux moindres détails. «Tout a été scrupuleusement respecté, raconte Abdou Diémé, Ingénieur hydrotechnicien, chef de la division du barrage de Manantali, et véritable ëme des lieux. Mieux, confie-t-i1, avec le Projet d'Aménagement de Manantali (Pam) qui a accompagné la réalisation du barrage et qui continue, lesdéplacés ont disposé pen– dant toute la durée des travaux d'une four– niture régulière en denrées de première nécessité (huile, riz , mil, savon) . 1\ s'y ajoute, poursuit Abdou Diémé, des puits forages, des dispensaires et postes de santé, des écoles ont été ainsi construits dans la zone de sorte à alléger consid– érablement la vie auparavant très rude des habitants». Fakou Guèye Cissokho, le jeune frère du chef de village de Manantali décédé mal– heureusement quelque temps avant notre arrivée, ne dit pas autre chose. Selon lui, «la construction du barrage a transformé notre vie. Elle nous a apporté beaucoup d'avantages, surtout l'électricité (il pointe le doigt sur les lampadaires qui parent Manantali). Avant, pour avoir du sel, il fal– lait aller jusqu'à Mahina (localité distante de plusieurs km) et il fallait attendre la sai– son sèche car la route était Impraticable. Aujourd'hui, avec le barrage, nous avons Lorsqu'ils décident de se lancer dans les grands travaux de Manantali, qui les forcent à enjamber les fr ontières et les appréhensions qui vont avec, les pays membres de l'Omvs ne soupçonnent pas à quel point ils anticipent sur l'avenir. I\s posent alors les basesd'une intégration qui serévèle de plus en plus salu– taire au fil desans et qui propulse l'espace Omvsaux tout prem iers rangs des ensembles susceptibles de cimenter l'union du conti– nent. Les ouvrages de Diama et de Manantali seront l'un des fils ténus du dialogue entre le Mali, le Sénégal et la Mauritanie, lorsque leurs relations bilatérales ont connu des nuages. LesEtats, comme les partenaires au développement, n'ont pas eu d'autres choix que de pousser à l'apaisement sans lequel les colossaux enjeux sont compromis. Catalyseur de la paix, l'ouvrage de Manantali est aussi pour– voyeur de bien-être. Dans le bassin, les poches d'obscurité se réduisent au fil des ans avec une électrification rurale en expan– sion et l'aménagement d'infrastructures modernes, qui doivent leur existence à la seule dynamique enclenchée par l'édification du barrage de Manantali et de la centrale hydroélectrique. Une Par Madior FaU L a crise énergétiqu e actuelle plombe les économies africa in es naissantes, affecte partic– ulièrement les effo rts de développement du continent, freine la croissance, et indis– pose ses populations. Elle induit des problèmes d e sécurité et porte d e rudes coups à l'aspiration d'une modernité assumée des urbains comme des rur aux. En Afr-ique, s'il es t encore inexploité, le pot en t iel de l'énergie hydroéle ct r iqu e n 'en est pas moins énorme. Alors que les pays développés exploitent 7 0 % de leur poten– tiel hydroélectrique , ce pour– centage n ' est que 4,3% en Afrique. Pourtan t , il pourrait apporter une contribution considérable et du r able à la satisfaction des besoins énergétiques d e demain et serait une très bonn e alterna– tive aux sources convention– nelles d 'électricité . Les pères fondateurs des pays riverains du fleuve Sénégal, la Guinée, le Mali, la Mauritanie et le Sénégal ne s 'y sont point trompés, en décidan t d'exploiter en com– mun d ès 1963 le fleuve Sénégal. Dans ces pays , la crise pétroli èr e accentuée ces deux derniè r es a n nées par un renchérissemen t important du prix du brut jamais connu dans le passé, hypothèque sérieusement les unités de production nation ales d'én– ergie électrique. Dans ce domaine, les Etat s Omvs ont su anticiper d ès l'aube de leur souveraineté recouvrée. En t émoigne, la réalisation du complexe hydroélectrique de Manantali. Avec une puis– sance installée de 200 Mégawatts et une pr odu ction annuelle de 800 Gwattfheure en moyenne, Man an t ali fo ur– nit aux sociétés d'électricité du Mali, du Sénégal et de la Mauritanie du courant à faible prix suivan t un pour– centage institué d'accord par– tie, respectivemen t de 52%, 33% et 15%·

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