Magazine N° 2 1992. OMVS : l'Energie pour 1996

10 2-2.Mise en valeurdes périmètresirrigués dans le bassin du fleuve Sénégal Le taux de mise en valeur des périmètres aménagés et effectivement exploités dans lebassin doit être examiné 'par rapport à deux périodes dinstinctes : -Ia première période précédant lamise en eau du barrage anti-sel de Diama a été caractérisée principalement par le manque de ressources hydriques (baissede la pluviométrie, du régime du fleuve et de ses affluents) orientant de ce fait les interventions des Etats vers ledévelopement de la culture irriguée qui restait la seule possibilité de production pour les populations du bassin. C 'est ainsi qu 'entre 1975 et 1980 un accrois– sement important de périmètres irriguésvillageois a été constaté mais leur taux de mise en valeur restait souvent inférieur à 75%sur les rivesgauche et droite et variait entre 14% et86%dans leHaut Bassin du Malidu faitde laconjonctiondes facteurs ci-dessous: . lessévères conditions hydra-pluviométriques enregistrées au coursde cette période ontfortement pénalisé les périmètres situés notamment dans le delta (remontée de la langue salée, arrivée tardive de la crue...)et ceux situés dans lamoyenne vallée (tarissement rapide du fleuve) ; . les problèmes de maintenance auxquels les producteurs ont été confrontés et qui sont consécutifs à l'aménagement sommaire des péri– mètres villageois (mauvais planage , canaux mal calés ,mauvais nivellement. ..); . l'insuffisance des moyens humains,matériels et financiers mis a la disposition des Sociétés Nationalesde Développement pourmener à bien 1 les fonctions multiples qu 'elles assumaient (aménagement des terres , encadrement , approvisionnement en intrants, prestations de services,commercialisation,gestionet maintenance des équipements....) .laconcurrence,en annéede bonnepluviométrie des cultures traditionnelles. -La deuxième periode communémentappelée «après-barrage»,coïncide avec lamaîtrise totale du débit du fleuve (achèvement et mise en service des barrages de Diama et de Manantali)et ladisponibilité en toute saison des ressources en eau. il était permisalorsd'espérer,dans ces nouvelles conditions, un relèvement du tauxdemise en valeur etdu coefficientd'intensité culturale. De tels résultats n 'Iont pas été enregistrés car au cours de la même période , les Etats ont défini de nouvelles orientations pour d 'une part alléger le coûtde leurs interventions par un désengagement OMVS MAGAZINE N° 2 progressifde l'encadrement de certaines fonctions et d 'autre part, responsabiliser davantage les producteurs. En application de ces directives , le financement des campagnes agricoles a largement contribué à la baisse de mise en valeur car en procédant à la récupération de leurs créances auprès des exploitants endettés devenus très nom– breux (faiblessesdes revenus des PNnotamment) , les Sociétés Nationales de Développement ont exigé non seulement le paiement comptant des intrants pour lacampagne en cours mais également une partie des arriérés. Par ailleurs,lesconditionsde transfertde certaines fonctions aux organisations paysannes n 'ont pu être réunies à temps et de façon efficiente ; c 'est ainsi que lamise en place tardive du crédit agricole a créé un vide qui a limité de façon significative l'exploitation des périmètresconfrontésau manque de prestations de service, d 'intrants et de moyens financiers: l'endettement et l'insuffisance de moyensconstatésaucoursdestroisdemières campagnes limitent considérablement les capacitésd'exploitationdes paysans. Conclusion L'examen rapide de l'étatdu secteur irrigué dans le bassin du fleuve Sénégal montre que bien des efforts doivent être davantage concentrés pour accroître letaux annuel d'aménagements et relever l'intensité culturale. Pour l'accroissement du rythme annuel d'aménagement il s'agira d 'une part, de mener au stade des travaux les études APD disponibles et d 'autre part de rechercher avec les bailleurs de fonds les voies les plus appropriées pour accélérer l'octroi des crédits et ledécaissement qui pourraient largement contribuer à la diminution des coûts d 'investissements. Dans lemême ordre d'idées il y a lieu de prendre en compte les interventions du secteur privé de plus en plus dynamique dans la programmation nationale des aménagements en veillant toutefois à ce qu 'elles soient inscrites dans lecadre des schémas directeurs nationaux.Enfin, il s'avère nécessaire de mettre en place les mesures adéquates pour accroître le taux d'exploitationdes périmètres ainsi que leur maintenance . Ceci se traduirait notamment par la mise en place d 'un crédit agricole facilement accessible au monde rural pour assurerd'une part,ladisponibilitédes facteurs de production et d 'autre part, la création d'un environnementsusceptiblede garantirlesprestations de service indispensables à la viabilité des aménagements.

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